Des délais tenus et un budget sans doute excédentaire. Cinq ans, presque jour pour jour, après l’incendie qui a ravagé la cathédrale de Paris, le président de l’établissement public pour la restauration de Notre-Dame a voulu rassurer les sénateurs. Auditionné pendant deux heures par les membres de la commission des Affaires culturelles, Philippe Jost a planté le décor à l’aide de photos spectaculaires de l’intérieur du monument, redevenu blanc crème, de murs des chapelles polychromes, de la flèche aujourd’hui érigée et de charpentiers posant sur la réplique de la charpente médiévale.

«Nous avons récolté 846 millions d’euros de dons et de mécénat, nous en avons consacré 150 millions pour la sécurisation et l’enveloppe pour les opérations de restauration devrait tourner autour de 552 millions», a ensuite détaillé le haut fonctionnaire. Ce qui devrait nous laisser un solde d’environ 150 millions d’euros». À ceux qui l’interrogeaient sur la possibilité de consacrer tout ou partie du reliquat à la restauration d’autres édifices cultuels moins bien dotés, Philippe Jost a opposé une fin de non-recevoir. «Dès 2025, nous poursuivrons les travaux sur les parties extérieures de la cathédrale, à commencer par la restauration du chevet et de la sacristie», a-t-il précisé, soulignant que les grands mécènes avaient donné leur accord.

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Pour l’heure, ce chantier d’exception est dans une «phase de travaux intensive». 250 entreprises et métiers d’art y travaillent, et sont, selon le président de l’établissement, «l’honneur de la France». Le soir, lorsque le silence se fait, les facteurs d’orgue sont en train de réaccorder les tuyaux de l’immense orgue, épargné par l’incendie mais plein de poussière.

La charpente médiévale, reconstruite selon les techniques du Moyen Âge, est achevée, même s’il reste encore à poser la couverture en plomb. «Nous restaurons pour au moins 860 ans, en reprenant les modes opératoires et les matériaux d’origine», a poursuivi Philippe Jost, évoquant un «parti pris qui n’est pas seulement esthétique, mais de durabilité et de pérennité.»

«Morceau de bravoure», s’érigeant à 96 mètres au-dessus du sol, la flèche n’est, à ce jour, que partiellement couverte et ornée de plomb, état qui devrait perdurer quelques mois. Les échafaudages de 650 tonnes, qui sont posés sur le sol de la cathédrale, vont être démontés, afin que l’on puisse refermer les voûtes, et laisser le diocèse installer son nouveau mobilier liturgique. Les échafaudages seront ensuite remontés à l’automne 2024, au-dessus des voûtes.

L’objectif est d’ouvrir au public et au culte les 7 et 8 décembre prochain. Face au succès public escompté, Notre-Dame pourra accueillir un «maximum de 12 à 15 millions de visiteurs par an», avec 2500 personnes présentes à la fois dans le monument. Avant l’incendie, entre 10 et 12 millions de touristes s’y pressaient. «Nous allons expérimenter le ticketing (réservation de créneaux horaires), mais nous ne pourrons pas faire de miracle en accueillant 20 millions de personnes chaque année», a précisé Philippe Jost.

Plusieurs sénateurs EELV se sont inquiétés de possibles conséquences du plomb, un matériau toxique, sur un monument situé en plein cœur de Paris. Un «système de filtration des eaux de pluies» ayant ruisselé sur les toitures va être expérimenté en 2025, a expliqué Philippe Jost « et nous avons instauré des portes coupe-feu dans la charpente, ainsi qu’un système de brumisateur». De telle sorte, a-t-il conclu, «qu’un incendie comme celui de 2019 ne serait plus possible».