Depuis 2016, la loi autorise la prescription de sport dans certaines affections chroniques. Mais ces séances d’activité physique adaptée, couvertes par certaines mutuelles, ne sont pas prises en charge par la collectivité hors quelques expérimentations. Dans le budget de la sécurité sociale adopté au début du mois, le gouvernement a finalement accepté d’étendre le dispositif aux patients traités pour un cancer, à titre expérimental et pour une durée de deux ans. Un geste moins généreux qu’initialement annoncé lors du débat au Parlement, lorsqu’il était question d’inclure les personnes atteintes de diabète. Néanmoins, «c’est déjà un premier pas très important» pour le Dr Arielle Brunner, de l’ARS Grand Est, qui souligne aussi le rôle des Maisons sport-santé créées en 2019 comme «point d’entrée» vers l’activité physique.
La région Grand Est fait figure de pionnière, avec le dispositif «Prescri’mouv», créé en 2018 avec l’Agence régionale de santé (ARS) et des opérateurs comme le Comité régional olympique et sportif (Cros). Un dispositif «très satisfaisant» pour les patients, qui peuvent se voir prescrire, par leur médecin traitant ou par un spécialiste, huit à douze séances d’activité physique remboursées. «Depuis un an, je n’ai pas pris d’anti-inflammatoire», témoigne Caroline Rosiak, qui souffre de spondylarthrite, dans la salle de sport «Aktiv’Forme» de Neuves-Maisons (Meurthe-et-Moselle).
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Aldo Danelon explique souffrir du dos. «Avant, j’allais chez le kiné, ça partait quelques temps, mais ça revenait.». Depuis qu’il s’est mis au sport, ses douleurs sont bien moins récurrentes. «Maintenant, je viens (à la salle) quatre à cinq fois par semaine», assure-t-il. «Le meilleur médicament, c’est le sport», assure Caroline Rosiak. «Avec le sport adapté, on reprend progressivement confiance en soi» tout en étant «observés, en sécurité», abonde Pascal, qui pratique la gymnastique avec le club Cœur et santé de Nancy. Les séances sont «très professionnelles», dans «un contexte médical bien spécifique», précise Philippe Robert, président du club où deux tiers des pratiquants ont un problème cardiaque.
Dispositif unique en France à un tel degré d’aboutissement et à une échelle aussi vaste, Prescri’mouv a permis le suivi de 10.000 patients depuis 2018, selon Nadège Hornbeck, vice-présidente de la Région chargée de la santé. Près de sept patients sur dix continuent l’activité physique après les séances remboursées. Mais «ce qui est pris est pris», souligne le Dr Brunner. Les séances remboursées permettent «de mettre le pied à l’étrier» mais aussi, pour les patients, de «prendre conscience des bienfaits» de l’activité et d’aider à «mieux gérer» sa maladie.
Le Dr Alexandre Feltz, adjoint à la mairie de Strasbourg, chargé de la santé publique et environnementale, rappelle les inégalités territoriales quant à l’accès au sport-santé: «Investir aujourd’hui» permettrait pourtant de «gagner demain», notamment sur les frais de santé et de médicaments, souligne-t-il. Il faut aussi lever les freins des publics les plus éloignés du sport, selon Joris Petitmangin, directeur adjoint du Cros Grand Est. Comme la peur de se blesser, le manque de temps ou encore le frein financier. Pour y remédier, certaines associations proposent des cotisations annuelles à 50 euros.