Au lendemain des attaques lancées par des combattants du Hamas contre Israël, faisant plusieurs centaines de morts et des milliers de blessés, suivies de tirs de riposte sur des immeubles de la bande de Gaza, une partie de la gauche s’est désolidarisée de la condamnation presque unanime de cette offensive du Hamas au sein de la classe politique française. Si Jean-Luc Mélenchon et plusieurs insoumis (Manuel Bompard, Louis Boyard…) ont renvoyé dos à dos les deux parties, refusant de parler d’attaque terroriste, des mouvements et groupuscules d’extrême gauche sont allés encore plus loin, en faisant cette fois l’apologie des attaques contre les civils menées par le Hamas.
C’est notamment le cas du Parti des Indigènes, issu du Mouvement des Indigènes de la République créé en 2005 par Houria Bouteldja, sa porte-parole, et Youssef Boussoumah. Ce groupuscule fondé sur une idéologie post-coloniale consacre l’essentiel de son discours à dénoncer l’histoire coloniale de la France et la persistance d’un supposé racisme systémique dans le pays, ainsi qu’à soutenir la cause palestinienne et dénoncer la politique d’Israël.
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Dimanche, le Parti des Indigènes a publié sur Twitter : «Que la Résistance palestinienne qui mène son action avec détermination et confiance dans des conditions héroïques reçoive en ces heures terribles toute notre fraternité militante. La Palestine vaincra, et sa Victoire sera la nôtre». Ce message était accompagné d’un dessin de combattants du Hamas s’introduisant sur le territoire israélien en ULM : ce sont ces combattants qui ont semé la terreur au sein des populations frontalières, massacrant notamment les participants d’une rave party organisée dans le désert non loin de Gaza. Samedi, jour du déclenchement des exactions du Hamas contre des civils israéliens, le même compte Twitter clamait : «Gloire à la résistance palestinienne».
Cette prise de position a fait l’objet de nombreuses réactions indignées, notamment celle de Simone Rodan-Benzaquen, directrice de l’American Jewish Committee en France et en Europe, qui a interpellé publiquement le gouvernement au sujet de ces propos, rappelant la peine encourue en France pour apologie du terrorisme.
Sur son compte Twitter personnel, où elle a salué également l’offensive du Hamas en écrivant que «la résistance est un droit», Houria Bouteldja estime par ailleurs que «ce qui se passe actuellement en Palestine est un test» pour la gauche française. Dans une série de tweets, la militante indigéniste passe au scalpel les réactions au sein de la France insoumise, se demandant si le parti de Jean-Luc Mélenchon est en train de basculer sur la question palestinienne, pour devenir un «allié» des Indigènes de la République.
Mais le Parti des Indigènes n’est pas le seul groupuscule à faire depuis samedi l’apologie des attaques terroristes menées par le Hamas. Il a reçu sur Twitter le soutien du compte Islam
Figure de proue de la mouvance post-coloniale à gauche, la politiste et militante Françoise Vergès a légitimé dimanche l’attaque du Hamas, écrivant sur Twitter : «D’un côté une occupation coloniale avec sa violence systémique, son racisme structurel, son illusion de démocratie, le vol des terres, la torture, de l’autre un combat légitime pour la libération. Rien d’autre. Palestine vaincra !»
Le collectif Révolution permanente, qui appelle notamment à se rassembler le 18 octobre pour exiger que la France libère le terroriste libanais pro-palestinien Georges Ibrahim Abdallah, a également clamé sur son site Internet son soutien au Hamas après l’attaque contre Israël. «La résistance face à l’oppression et au colonialisme n’est pas du terrorisme !» écrit Philippe Alcoy dans un long article paru samedi. Avant d’enfoncer le clou : «Malgré toutes les différences politiques et sur les méthodes que nous pouvons avoir avec la direction de la résistance palestinienne, nous rappelons notre soutien inconditionnel à la résistance palestinienne, à son droit de se battre contre l’oppression. Ce qui se passe en Palestine est historique et pourrait donner confiance aux peuples et aux travailleurs de la région pour se battre contre l’oppression du colonialisme israélien.»
Plusieurs militants de Révolution permanente ont pris individuellement fait et cause pour le Hamas. Tel le syndicaliste de SUD-Rail Anasse Kazib, qui a relayé les images du franchissement de la frontière israélienne par les combattants de Gaza, assorties du commentaire : «Soutien au peuple palestinien qui est debout face à cet État sanguinaire qu’est Israël». Ou encore de l’étudiante Irène Karalis, qui estime en commentant d’autres images des événements, que «les Palestiniens luttent pour reprendre leurs terres et leur dignité», tout en leur disant son «soutien».
La section syndicale au sein de l’EHESS de Solidaires étudiant.e.s a également affiché son soutien explicite aux assaillants du Hamas, prenant ses distances avec ceux qui appellent à la paix entre Israël et Gaza. «Nous nous distançons de toutes les prises de position qui, à gauche, appellent à la désescalade, se prononcent en faveur d’une solution à deux États illusoire, et mettent sur le même plan la violence des résistants palestiniens et celle des colons de l’armée d’occupation israélienne», écrit le syndicat étudiant dans un communiqué. «Nous apportons notre soutien indéfectible à la lutte du peuple palestinien dans toutes ses modalités et formes de lutte, y compris la lutte armée», ajoute Solidaires étudiant.e.s EHESS.
Même son de cloche au Nouveau Parti Anticapitaliste, qui selon un communiqué publié dimanche, «ne se joint pas à la litanie des appels à la désescalade», mais lance «un appel à l’organisation rapide de mobilisations de soutien au peuple palestinien». «Cette fois-ci l’offensive est du côté de la résistance», se réjouit le NPA de Philippe Poutou. Le communiqué se termine par le mot «intifada», suivi d’un point d’exclamation, faisant ainsi explicitement l’apologie des deux vagues de violences populaires dirigées contre les militaires et les civils israéliens.
Sur Twitter, l’avocat Gilles-William Goldnadel (également chroniqueur au Figaro) a annoncé que son association, «Avocats sans frontières», «portera plainte contre le NPA pour apologie du terrorisme». Il fait savoir au Figaro qu’il envisage d’élargir sa plainte aux propos tenus par le Parti des Indigènes. L’Union des Étudiants Juifs de France (UEJF) a également annoncé qu’elle porterait plainte contre le NPA pour les mêmes raisons. «Nous alertons les pouvoirs publics», indique de son côté la LICRA au sujet du communiqué de Solidaires étudiant.e.s. La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme a également appelé à la dissolution du Parti des Indigènes.