«On connaît tous le chemin à suivre». Luis Enrique n’a pas tort. D’ici à la Real Sociedad en 8e de finale aller de Ligue des champions, le 14 février, puisque c’est là-dessus qu’il était interrogé, le chemin à parcourir est connu : le PSG va jouer trois matches, à commencer par un déplacement à Strasbourg ce vendredi (21h), en ouverture de la 20e journée de Ligue 1. «Le match le plus important, c’est celui contre Strasbourg, une équipe bien préparée, qui fait une très bonne saison et n’a pas perdu depuis un moment (6 matches, NDLR), a-t-il poursuivi. Il y aura une grosse ambiance. Il faut améliorer notre rendement, nos prestations, nos performances et certains aspects importants du jeu. On va devoir jouer tous les trois jours et on aime ça, ça permet d’utiliser tous les joueurs. Mais d’abord, il faut prendre les trois points.»

Ce serait en effet une bonne idée. Il n’y a pas le feu au lac en L1, les Rouge et Bleu, solides leaders au classement, affichant un total de 44 points, six de plus que Nice et neuf de mieux que Brest, qui s’affrontent dimanche (17h05). Mais après le nul 2-2 face au Stade brestois, dimanche dernier, Paris serait bien inspiré de réenclencher la première. Brest, un match au terme duquel «Lucho» s’était déclaré «énervé». Et il y avait de quoi : ses joueurs avaient dilapidé une avance de deux buts en seconde période. Défaillance physique ? «On a eu du mal à presser et on a perdu beaucoup de ballons mais ce n’est pas un problème physique», promet le coach espagnol. Dont acte.

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Comme l’avait dit Lucas Hernandez, Paris s’était surtout «endormi» après le repos. «Si on ne met pas tous les ingrédients, toutes les équipes peuvent nous faire mal», avait ajouté le défenseur international tricolore. Inquiétant ? Un peu. Même si Paris, vainqueur de ses cinq précédents matches, n’a plus perdu depuis le 7 novembre. C’était en C1, sur le terrain de l’AC Milan (2-1).

D’autant que les mêmes causes ont eu les mêmes conséquences qu’au match aller. Sauf que cette fois, Kylian Mbappé n’a pas eu l’occasion d’arracher la victoire sur un penalty salvateur, comme ça avait été le cas à Francis-Le-Blé (2-3). En clair, il est bien difficile de voir de réels progrès au fil des semaines. Et ce alors que Luis Enrique avait garanti que le PSG serait «beaucoup plus fort en février» après le nul à Dortmund (1-1). Individuellement ou collectivement, le chantier est toujours conséquent, avec des temps faibles très faibles, peu d’efficacité, un pressing pas aussi impressionnant qu’en début de saison… En plus, Luis Enrique aime s’infliger des malus : son turnover perpétuel n’aide pas. «J’aime avoir une grosse rotation pour impliquer tous les joueurs», répète-t-il à l’envi.

Encore faut-il que les joueurs en question donnent satisfaction. Respectivement préférés à Marquinhos et Ousmane Dembélé le temps d’un soir, Lucas Beraldo et Randal Kolo Muani n’ont guère brillé contre le SB29. Et ce même si l’international tricolore s’est fendu de son huitième but de la saison. «Je suis très content de l’avoir. Il peut jouer en neuf ou sur les deux côtés. Pour moi et l’équipe, c’est très positif. Son attitude et son comportement sont parfaits», jure Luis Enrique, qui fait par ailleurs de moins en moins jouer Gonçalo Ramos ou Manuel Ugarte, deux des recrues les plus chères de l’été dernier à respectivement 80 et 60 M€. Sans parler de Nordi Mukiele.

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Ce n’est pourtant pas parce que le coach espagnol croule sous les options derrière. En l’absence d’Achraf Hakimi, tout juste éliminé avec le Maroc à la CAN, il a confié le rôle de latéral/piston droit à Carlos Soler et surtout Warren Zaïre-Emery, des milieux, plutôt qu’à l’ancien de Leipzig. «Mes décisions démontrent mes goûts, tout le monde ne peut pas jouer», glisse l’ancien coach du Barça, dont les percepts ne semblent, finalement, pas si adaptés aux qualités de l’effectif, aux profils de joueurs qui ne sont jamais aussi dangereux… qu’en transition. Un comble pour un entraîneur aussi obsédé par la possession. «Face à cette équipe du PSG, tu es souvent le plus en danger quand tu as le ballon !», confirmait le coach brestois Éric Roy dimanche.

L’effectif parisien n’a d’ailleurs pas bougé ou presque pendant le mercato hivernal, alors que la progression évoquée après Dortmund aurait aussi pu venir de là. Avec Milan Skriniar, Presnel Kimpembe et Nuno Mendes out, un défenseur expérimenté n’aurait pas été de trop. On a parlé de Mathijs de Ligt. Débauché à São Paulo, Beraldo (20 ans) représente davantage un pari pour l’avenir. Idem pour l’autre recrue parisienne de l’hiver, Gabriel Moscardo (18 ans, Corinthians), récemment opéré au Qatar et qui n’arrivera qu’à l’été. Pour le reste, Luis Campos a exfiltré Cher Ndour (Braga, prêt), Noah Lemina (Wolverhampton, prêt) et Hugo Ekitike (Francfort, prêt). Layvin Kurzawa est toujours là. Mukiele aussi. Luis Enrique sait désormais à quoi s’en tenir, alors que de gros noms ont été cités ces dernières semaines, de Bruno Guimaraes à De Ligt, en passant par Joshua Kimmich et le gamin Lenny Yoro (18 ans).

Autant d’écrans de fumée destinés à… Mbappé, pour le pousser à prolonger ? Peut-être. En attendant, «KM» est toujours dans le flou. Et Paris avec lui. Le capitaine des Bleus a, en substance, rappelé que le PSG serait «protégé» s’il décidait de partir à l’intersaison. Nasser Al-Khelaïfi lui a répondu une semaine plus tard en expliquant à quel point son départ relèverait de la trahison. Com’ contre com’. À l’heure qu’il est, la tendance est à un départ. Mais qui sait avec Kylian Mbappé. Une chose est sûre : son récent repositionnement dans l’axe n’est pas ce qui lui convient le mieux…

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Toujours est-il que Luis Enrique devra composer avec tout cela en vue de la C1 et du reste. Plus le choix. L’effectif ne bougera plus. Les dés sont jetés. Pour le meilleur et pour le pire. Hakimi sera vite disponible. Zaïre-Emery va remonter au milieu. Nuno Mendes reviendra. Motifs d’espoir. N’oublions pas que tout est neuf ou presque, nouveau coach, nouvelle politique, nouveaux joueurs… «C’est tout un processus. On voit des prémices de quelque chose qui prendra encore un peu de temps, mais quand ce sera totalement bien, on va rouler», promettait récemment Mbappé sur Amazon Prime Video.

Désormais, place à Strasbourg, un Racing en forme… mais qui a inexplicablement laissé filer son gardien, Matz Sels, à la fin du mercato. «Ils sont sur une bonne dynamique, ils sont assez tranquilles en milieu de classement. Ils jouent bien avec le ballon, ils essaient de ressortir de derrière, ils défendent très bien… Il faudra qu’on soit prêt», résume Luis Enrique. Il faudra surtout l’être le 14 février. Mais au vu du chantier, les Parisiens n’ont pas de temps à perdre. Chaque match est une occasion d’avancer et de grandir sur le chemin qui les mènera à la Ligue des champions. Ce vendredi, ce sera sans Bradley Barcola, le seul qui montre de vrais signes de progrès.