Président du Paris Football Club depuis 2012, Pierre Ferracci a réussi à stabiliser le «deuxième club parisien» en Ligue 2 depuis la saison 2015-2016. Cette saison, après un début de saison difficile et une délocalisation à Troyes pour les quatre premiers matchs à domicile du club, le Paris FC a décidé de proposer des places gratuites. La première a eu lieu, au mois de novembre, contre Bastia. Une opération qui s’est poursuivie sur l’ensemble de la saison de Ligue 2, terminée à la 5e place pour le club du sud de Paris. Pierre Ferracci revient pour Le Figaro sur les réussites du projet, mais aussi la volonté de quitter le stade Charlety le plus rapidement possible.
LE FIGARO – Bonjour président, Vous avez lancé, en novembre dernier, lors du match aller face à Bastia, la billetterie gratuite au stade Sébastien Charléty. Comment avez-vous réfléchi à ce projet ?
PIERRE FERRACCI. – On s’est dit qu’il fallait marquer le coup. Le stade Charléty n’est pas une enceinte parfaite pour évoluer en Ligue 2. Il n’y a pas de bonne hospitalité pour recevoir correctement les supporters. On est loin du terrain, derrière la piste d’athlétisme et les sautoirs. Il est ouvert aux quatre vents, il fait très froid l’hiver, donc il fallait faire quelque chose pour attirer les supporters même avec ces contraintes.
Vous évoquez également un football de moins en moins accessible…
Que ce soit dans les stades ou devant la télévision, le football devient très difficile à suivre financièrement. Un match de Ligue 2 est aussi devenu quasi inaccessible, donc on a voulu tenter ce pari.
Comment arrivez-vous à compenser les pertes ?
Des sponsors ont répondu présent et ont apprécié l’opération. Leur soutien a été primordial, mais on attend le démarrage de la saison prochaine pour faire un vrai bilan financier. On voulait également développer une clientèle plus VIP et je dirai qu’on a réussi à attirer davantage de monde.
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Quid de l’affluence au stade. C’est surtout sur ce point-là qu’on peut se rendre compte de la réussite ou non du projet…
Le nombre de spectateurs a considérablement augmenté. En termes de volume, mais aussi de qualité puisqu’il y a une population bien plus jeune, enthousiaste et engagée parmi ces nouveaux suiveurs. On a réussi à augmenter le nombre de supporters, à les fidéliser pour avoir un plus grand dynamisme à Charlety.
Comment vous le chiffrez ?
On est sur 35-40% d’augmentation de la capacité du stade sur les matchs de Ligue 2. C’est très significatif parce qu’on a eu des problèmes de communication. Il y a aussi le problème de no-show, c’était à dire ceux qui payent et ne viennent pas qu’on doit corriger. À plusieurs reprises contre Bordeaux et Saint-Etienne, on devait bloquer la billetterie parce qu’on avait atteint notre quota de places gratuites.
Comptez-vous poursuivre l’expérience la saison prochaine ?
C’est la tendance, mais il y a des choses que l’on doit mieux gérer avec l’expérience, comme la gestion du no-show.
Des clubs français ou européens ont-ils suivi de près votre démarche ?
Il y a deux clubs de Ligue 2 et un de National qui ont approché notre direction. Je suis ravi que notre expérience soit recherchée dans le domaine. Cela voudrait dire que notre vision du foot et des problèmes sociétaux est partagée.
Malgré cela, le Stade Charléty ne semble toujours pas être idéal pour faire grandir le club. L’idée de le quitter vous a-t-elle traversé l’esprit ?
Oui. On a identifié certaines solutions évoquées avec la Mairie de Paris. On a commencé il y a quelques semaines à discuter avec le stade Français pour jouer à Jean-Bouin à partir de la saison 2025-2026. Je pense qu’on peut faire un binôme intéressant avec le Stade Français à côté du Parc des Princes. Mais il y a des négociations à mener, il faut aussi que la ville de Paris s’en mêle. Je reste prudent.
Qu’en pense le Stade Français, «principal locataire» du stade ?
Sur le principe, ils sont ouverts à discuter avec nous, même s’il faut entre-mêler les calendriers, et ça n’est pas chose facile. Cela pose d’autres contraintes, mais le stade Français a été assez ouvert à la question. Il y a aussi le problème de la pelouse synthétique, qu’il faudra absolument changer si l’on venait à jouer à Jean-Bouin.
On sent chez vous l’envie de faire franchir un cap au Paris FC….
Notre projet avance, mais il faut aussi le faire progresser au fur et à mesure. L’objectif est avant tout de monter en Ligue 1 le plus rapidement possible, mais surtout de s’y stabiliser. Monter en Ligue 1 reste un privilège qui découle de beaucoup de travail. Si on monte en Ligue 1, on ne veut pas faire l’ascenseur. Pour ça, il faut que le club grandisse encore et que l’on aille rechercher de nouvelles ressources financières.
Vous cherchez de nouveaux investisseurs ?
Si on veut atteindre la Ligue 1 et s’y stabiliser, il faut aussi avoir plus d’argent. Évidemment que bien travailler, bien former, bien recruter et bien jouer font partie des éléments pour réussir, mais l’aspect financier est un élément à ne surtout pas négliger. La barre financière est de plus en plus haute en Ligue 1.
Vous avez déjà des pistes ?
Oui, il y a plusieurs pistes. Ça serait à la fois du sponsoring, mais surtout une transformation de l’actionnariat du club, qui le consolide et lui permet d’aller de l’avant.
Vous songez à quitter le club ?
J’essaie de préparer le terrain parce que je ne suis pas éternel. Je me suis fixé trois ans pour passer le relai, mais ça se prépare tout de suite.
Qui sont ces potentiels repreneurs ? Ils sont étrangers ou français ?
J’aimerais que cela quelque chose proche de notre territoire, mais c’est très difficile de trouver des solutions en France, et l’on voit ça en Ligue 1. J’avance sur trois fronts en même temps.
Vous pensez que c’est incontournable pour la suite du club ?
C’est surtout la Ligue 1 qui est incontournable. Dans la capitale, quand on est en National, on n’existe pas, quand on est en Ligue 2, on commence à peine à exister. Je n’ai pas de doute de remplir Jean Bouin ou Charlety si nous étions en Ligue 1. On a un concurrent (le Paris Saint-Germain) qui a l’un des meilleurs budgets mondiaux, mais on voit aussi qu’il y a de la place à côté.
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