Actuellement en train de se faire beau pour les Jeux olympiques de Paris avec une piste d’athlé violette et la 5G, le Stade de France cherche en même temps son nouveau concessionnaire ou propriétaire, les candidats vraiment intéressés doivent déposer leur offre mercredi.
L’État, propriétaire de cette enceinte sportive située à Saint-Denis (banlieue nord) a lancé en mars dernier deux procédures en parallèle: celle d’une vente et celle du renouvellement de concession. La concession actuelle octroyée en 1995 au consortium Vinci-Bouygues (deux tiers, un tiers) arrive en effet à échéance en juin 2025.
Initialement fixée mi-novembre, la date de remise des offres a été repoussée au 3 janvier.
Avant l’été, une première phase avait permis aux candidats intéressés de se manifester. C’est à ce moment que le propriétaire du PSG, le qatari Qatar Sports Investments (QSI), est sorti du bois officiellement. En bisbilles avec la mairie de Paris qui ne veut pas lui vendre le Parc des Princes, le PSG étudie le dossier «avec sérieux», selon une source proche du dossier, et va bien déposer une offre mercredi.
Depuis le début, cette candidature est vue par de nombreux observateurs comme une manière de mettre la pression sur la maire de Paris Anne Hidalgo (PS) pour relancer les échanges sur le Parc des Princes.
«Vinci en position de force »
Les autres prétendants, pour un rachat ou une concession, restent silencieux. Dans cette procédure confidentielle, frappée du «secret des affaires», comme l’a rappelé mercredi la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, rien ne filtre. Depuis cet été, les candidats ont en mains le cahier des charges détaillé.
Le consortium Vinci-Bouygues est bien candidat pour la concession et la vente, selon plusieurs sources proches du dossier. «Vinci est en position de force pour négocier, mais l’Etat a toujours trouvé qu’ils étaient gourmands», relève un connaisseur.
Autre candidat à l’exploitation du Stade de France, selon plusieurs sources proches du dossier, l’entreprise d’évènementiel GL Events présidée par Olivier Ginon, considéré par certains comme proche de l’Élysée.
«C’est curieux car ce n’est pas le métier de GL Events, ils n’ont pas de stade», estime une source proche du dossier.
Pour constituer cette offre, GL Events est appuyé par «Paris Entertainment Company», l’ex-société anonyme d’exploitation SAE POPB détenue majoritairement par la ville de Paris (et pour la quasi-totalité du reste par la société américaine AEG, spécialisée dans l’organisation d’événements sportifs et musicaux), et qui exploite l’Accor Arena, le Bataclan, et la future Arena La Chapelle. Reste à savoir qui exactement sera dans le montage de l’offre déposée mercredi.
Attribution en 2025
Autre mystère: comment vont s’intégrer les fédérations françaises de football et de rugby – cette dernière vient d’annoncer un trou de 40 millions d’euros – dans ce mécano alors qu’elles ont toujours trouvé leur accord avec le stade défavorable.
Les offres seront étudiées en 2024 et l’État fera ce qu’il veut, laissera ou non les deux procédures courir, choisira de traiter avec un candidat… L’attribution est prévue pour 2025.
Selon une source proche du dossier, le Stade de France vaudrait «entre 400 et 600 millions d’euros». L’État n’a donné aucune indication de prix, mais il est évalué à 647 millions (valeur brute) au titre des immobilisations corporelles dans les comptes de l’État 2021. D’après le consortium, son exploitation génère depuis 2013, un résultat «à l’équilibre ou légèrement bénéficiaire».
Quoi qu’il en soit, le candidat qui l’emportera devra réaliser un important programme de travaux car l’enceinte est seulement «ripolinée» en vue des JO de 2024.
L’État se creuse les méninges depuis des années et a empilé les rapports pour savoir comment exploiter au mieux cette enceinte de 80.000 places, 25 ans après y avoir sacré championne du monde de foot l’équipe de France de Zidane et Deschamps.
«On va regarder les mérites des différents dossiers, les mérites économiques, techniques, l’insertion dans le territoire (…)», s’est borné à commenter Amélie Oudéa-Castéra mercredi sur France 2.
Il faut dire que depuis la signature à la va-vite du contrat initial de concession, entre les deux tours de l’élection présidentielle de 1995, ce stade a coûté cher à l’État, en compensations financières et frais d’avocats. La Cour des comptes a calculé en 2018 que le stade et les infrastructures associées ont représenté au total quelque 778 millions de dépenses publiques.