Julian Alaphilippe a retrouvé les sommets du vélo cette semaine en s’adjugeant jeudi une victoire dans la douzième étape du Tour d’Italie. Un numéro en solitaire du double champion du monde qui met un terme à de longs mois de traversée du désert, des blessures et des chutes qui l’ont handicapé. Un soulagement aussi pour le coureur de l’équipe Soudal-QuickStep qui s’était retrouvé dans le viseur de son employeur, Patrick Lefévère lui reprochant son manque de performances alors qu’il dispose d’un salaire très confortable.

Le dirigeant s’en était même pris personnellement au coureur, obligeant Marion Rousse, directrice du Tour de France femmes et compagne de Julian Alaphilippe à prendre la parole publiquement pour assurer sa défense. L’ex-coureuse s’est exprimée ce samedi dans L’Equipe pour évoquer ces mois douloureux avant sa victoire en Italie, près d’un an avant un succès sur le Criterium du Dauphiné.

«Elle avait (la victoire au Tour d’Italie, ndlr) une saveur particulière en effet, elle est différente de toutes les autres car l’émotion n’est pas la même. Avant, il gagnait dix courses par an, là c’est devenu plus rare, donc on en profite différemment», a d’abord expliqué Marion Rousse avant de revenir sur les mois difficiles : «Je l’ai vu triste parfois, mais jamais il n’a douté. Je le voyais partir sur les courses avec le sourire, je me demandais parfois ce qui pouvait bien lui passer par la tête tellement il semblait détaché de l’environnement extérieur. Mais il a toujours eu le même discours : ”Moi je fais du vélo pour gagner, pas pour faire le nombre”.»

Marion Rousse a aussi accepté d’évoquer la terrible chute de son conjoint durant Liège-Bastogne-Liège en 2022 qui l’a «atteint psychologiquement», précise-t-elle avant de poursuivre : «Même quand il en parle aujourd’hui, il en a encore les larmes aux yeux car il s’est vu mourir, il n’arrivait plus à respirer quand Romain Bardet est arrivé à ses côtés.»

La consultante de France Télévisions sur le Tour de France masculin est aussi revenue longuement sur les relations compliquées avec Patrick Lefévère, assurant que Julian Alaphilippe était parvenu à se protéger des critiques. «Il disait devant les journalistes qu’il s’en moquait et qu’il ne faisait pas attention à ça, mais il me le répétait aussi en privé. Ce qui l’a atteint, c’est quand ça a touché notre famille. Il comprenait que l’absence de résultats était une source de critiques mais quand c’est devenu très personnel, il a été touché», éclaire l’ex-championne qui a justifié son intervention publique pour prendre la défense de celui qui partage sa vie : «Si je ne l’avais pas fait, ce serait resté confiné au petit monde du cyclisme alors que ça dépassait largement ce cadre. Je ne pouvais pas rester sans rien dire alors qu’un de mes combats dans la vie, c’est d’œuvrer pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Et puis l’autre problème que soulevaient les critiques de Patrick, c’est la santé mentale, qui ne concerne pas seulement les athlètes. Je ne pouvais pas rester insensible à ça.»

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