Ce qui s’apparente à une défaite pour le ministre de l’Intérieur sonne comme une victoire à gauche. Ce vendredi, le Conseil d’État – la plus haute juridiction française – a suspendu le décret visant à dissoudre le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre. «La justice a joué son rôle de rempart», a réagi auprès de l’Agence France-Presse la secrétaire nationale d’Europe Écologie les Vers (EELV) Marine Tondelier, estimant qu’il n’existait pas d’«éléments juridiques et factuels suffisants» contre ce collectif écologiste. Son prédécesseur à la tête des Verts Julien Bayou «salue une décision juste, importante». «C’est un désaveu terrible pour le gouvernement et Darmanin», a-t-il jugé.
«Honte au gouvernement», a pour sa part écrit la députée EELV Sandrine Rousseau sur Twitter, rebaptisé X, parlant d’une «extraordinaire nouvelle». «C’est victoire pour les luttes écolos et la liberté d’association, une défaite pour Darmanin et ses dérives liberticides», a également lancé sur X le maire EELV de Grenoble Éric Piolle.
L’ancien leader de la France insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon a lui taclé «la macronie et “l’arc républicain” [qui] ont voulu violer la loi en interdisant une ligue d’associations citoyennes». «Le Conseil d’État dit stop à la dérive autoritaire du pouvoir. Le macronisme est hors-la-loi. Un nouveau désaveu pour Darmanin et Macron», poursuit le député LFI et coordinateur du parti Manuel Bompard sur X. «On ne dissout pas un soulèvement», a renchéri l’eurodéputée Manon Aubry pour qui le ministre de l’Intérieur et le gouvernement ont subi une «défaite cinglante». «Il reste encore quelques garde-fous à la grande dérive liberticide entamée par Emmanuel Macron» a écrit, toujours sur X, dans le même sens la députée LFI Aurélie Trouvé.
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Même son de cloche du côté du parti socialiste (PS), son premier secrétaire Olivier Faure avançant que «le Conseil d’État rappelle au gouvernement que les libertés publiques et l’état de droit ne sont pas soumis à son bon vouloir». «Les soulèvements de la terre continueront d’alerter et de dénoncer ceux qui, dangereusement, négligent l’urgence climatique», ajoute-t-il.
Dans un bref communiqué de quatre lignes adressé aux rédactions, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a de son côté affirmé «prendre acte de la décision du Conseil d’État». «Le ministère rappelle néanmoins que cette décision ne préjuge pas de la décision que le Conseil d’État prendra au fond concernant cette dissolution», est-il écrit sur ce même communiqué. Une rhétorique également reprise par le député macroniste Sacha Houlié pour qui «la décision du Conseil d’État […] ne légitime en aucun cas les actions violentes passées ou à venir».
Jordan Bardella, le président du Rassemblement national, a taclé l’«incompétence» du gouvernement qui «vient d’offrir sur un plateau à l’extrême gauche une victoire sur l’État». «Cette mouvance rétrograde et décroissante, adepte des sabotages, des destructions et des violences anti-flics, va se sentir pousser des ailes», a-t-il de même sévèrement critiqué.