L’action Boeing a ouvert en forte baisse, lundi, contrecoup de l’incident qui a vu une porte se détacher lors d’un vol d’Alaska Airlines, vendredi, tandis que l’enquête se poursuit pour faire la lumière sur ce dysfonctionnement. Dans les premiers échanges à Wall Street, le cours du constructeur aérien lâchait 8,38%. Celui de son principal sous-traitant, Spirit AeroSystems, dévissait même franchement (-13,74%). C’est un nouveau revers pour l’avionneur, dont le titre s’était redressé depuis le début de l’automne, avec l’accélération de ses livraisons, longtemps perturbées par des problèmes techniques.
La porte de l’appareil 737 MAX 9 de la compagnie américaine Alaska Airlines, arrachée de la carlingue en plein vol, vendredi, a été retrouvée dimanche, a annoncé la présidente de l’agence américaine chargée de la sécurité des transports (NTSB), Jennifer Homendy. Un enseignant a récupéré le panneau, tombé dans son jardin de la ville de Portland (Oregon, nord-ouest). «Nous allons aller le chercher et commencer à l’analyser», a indiqué la cheffe du National Transportation Safety Board lors d’une conférence de presse.
Dimanche, le PDG de Boeing, Dave Calhoun, a décidé d’annuler une conférence qui devait réunir les cadres dirigeants du groupe en début de semaine, pour la remplacer par une réunion sur la sécurité, mardi, ouverte à tous les employés. Elle se tiendra à l’usine de Renton (État du Washington), dans la banlieue de Seattle.
NTSB, Boeing, Alaska Airlines et l’agence américaine de régulation de l’aviation civile, la FAA, cherchent à établir les circonstances exactes de l’incident, qui n’a fait que quelques blessés légers mais aurait pu se terminer «de façon plus tragique», selon Jennifer Homendy. La porte envolée était condamnée sur l’avion incriminé, une configuration que propose Boeing à ses clients quand le nombre d’issues de secours existantes est déjà suffisant au regard du nombre de sièges dans l’appareil. Outre le 737 MAX 9, ce dispositif existe déjà sur d’autres modèles de Boeing, notamment le 737-900ER, lancé en 2006 et qui n’a connu, depuis, aucun incident similaire.
Selon la NTSB, personne n’était assis aux deux places à côté de la cloison qui s’est envolée. Mais selon des passagers cités par des médias américains, un adolescent assis dans la rangée a eu sa chemise arrachée par la décompression, lui occasionnant des blessures légères.
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Après ce dysfonctionnement très rare, la FAA a «exigé des inspections immédiates de certains Boeing 737 MAX 9 avant qu’ils ne puissent reprendre le vol», ce qui concerne 171 avions dans le monde, a-t-elle précisé sur X (ex-Twitter). En conséquence, les compagnies aériennes et les organismes de sécurité du monde entier ont immobilisé certains Boeing 737 MAX 9 dans l’attente d’inspections.
Le maintien au sol de ces appareils a déjà entraîné l’annulation de plus de mille vols depuis samedi, selon les données du site spécialisé FlightAware, principalement pour les compagnies Alaska Airlines et United, qui opèrent 144 des 218 MAX-9 en circulation. Lundi, Alaska Airlines était aussi sanctionné à Wall Street, abandonnant 5,56%.
Les compagnies Aeromexico, Copa Airlines – qui exploite 21 de ces appareils – et Turkish Airlines – qui en détient 5 – ont elles aussi annoncé avoir cloué leurs avions au sol pour vérifications. En revanche, l’agence européenne de sécurité aérienne (EASA) a indiqué qu’aucun opérateur en Europe n’utilisait le 737 MAX 9 avec les options techniques concernées.
L’incident marque un nouvel épisode d’une série de déboires pour Boeing ces dernières. Les plus sérieux d’entre eux ont été les crashes de deux 737 MAX, en octobre 2018 en Indonésie et en mars 2019 en Éthiopie, qui ont causé la mort de 346 personnes au total. Après ces accidents, liés au logiciel de pilotage MCAS, tous les 737 MAX avaient été cloués au sol durant 20 mois.
Mais le constructeur américain a aussi suspendu, à plusieurs reprises, durant près de deux ans au total, les livraisons de son long-courrier 787 pour des défauts de fabrication et d’inspection. Plus récemment, c’est de nouveau le 737 MAX qui a fait parler de lui, après la découverte, à l’automne, de malfaçons sur la cloison étanche arrière de l’appareil, puis, en décembre, d’un risque de boulon desserré sur le système de contrôle du gouvernail.
À la fin du mois de décembre, le constructeur avait livré plus de 1370 exemplaires du 737 MAX et son carnet de commandes dépassait les 4000 unités.