Il faut réduire de toute urgence la taille des voitures électriques sans quoi la France pourrait se retrouver en pénurie de métaux «critiques», alerte jeudi 8 novembre une étude de l’ONG WWF, qui réclame l’instauration d’un malus lié au poids, à l’instar d’autres associations écologistes. «La transition écologique a besoin du véhicule électrique, mais le problème c’est sa taille», a affirmé lors d’une conférence de presse Jean Burkard, directeur du plaidoyer chez WWF France, soulignant que les SUV constituent désormais 41% des ventes de ces véhicules. Le problème ? «Un gros SUV électrique consomme 3 fois plus de cuivre et d’aluminium et 5 fois plus de lithium, nickel et cobalt qu’une petite citadine électrique», révèle l’étude, alors que ces métaux sont jugés «critiques», car indispensables à toute la transition énergétique mais existant en quantité limitée.
La demande en métaux rares pourrait ainsi être multipliée par 30 en 20 ans. Puisqu’ils sont très peu produits en France, cela pose des «risques géostratégiques» selon Jean Burkard, et signifie qu’en cas de pénurie, «on va devoir choisir entre avoir des véhicules électriques, des éoliennes ou des réseaux électriques». Dans son étude, WWF étudie trois scénarios «réalistes» et leurs conséquences: celui du «laisser-aller», celui «intermédiaire» et celui de la «sobriété», ce dernier déployant des politiques plus volontaristes pour réduire notamment la taille des véhicules. Le résultat est sans appel: «Si on n’adopte pas ce scénario de sobriété», la demande de la France en métaux «critiques» sera entre 5 et 15% trop importante «par rapport à son poids économique», détaille Jean Burkard.
En revanche, dans le scénario de sobriété, la demande serait «inférieure de 25%» au poids économique du pays, ouvrant même la voie à l’exportation du lithium – métal précieux dont le cours a flambé, passant de 13.000 à 70.000 euros la tonne entre 2020 et 2021 -, «un atout important pour la balance commerciale» française, pointe-t-il. Pour diminuer la taille des véhicules électriques, WWF appelle le gouvernement à instaurer «un malus poids spécifique» et, en miroir, «à réserver le bonus écologique aux seules voitures électriques pesant moins de 1,6 tonne», contre 2,4 actuellement. L’association préconise aussi d’«exiger des constructeurs automobiles la publication annuelle du poids moyen des voitures électriques immatriculées» et de créer une pénalité européenne de 5 euros par kilo dès que le seuil de 1,6 tonne est dépassé.