La France a décidé d’empêcher l’importation de fruits et légumes frais traités avec l’insecticide thiaclopride, interdit dans l’UE, a annoncé vendredi le ministère de l’Agriculture, conformément à l’un des engagements pris par l’exécutif pour calmer la colère des agriculteurs. «L’Union européenne n’ayant pas encore à ce jour» pris de mesures pour limiter l’entrée de tels produits sur le territoire européen, «le gouvernement a décidé, en l’attente et afin de protéger le consommateur, de suspendre par arrêté ministériel du 23 février l’introduction, l’importation et la mise sur le marché national de fruits et légumes frais provenant de pays tiers traités au thiaclopride», indique le ministère dans un communiqué. Le texte ne figure pas dans le Journal officiel du jour.
La substance active de la famille des néonicotinoïdes, «interdite d’utilisation en France depuis septembre 2018 et dans l’Union européenne depuis février 2021, (…) continue d’être utilisée dans d’autres parties du monde pour protéger les cultures contre certains insectes», souligne le ministère. «En achetant et en consommant des fruits et légumes frais issus de ces pays qui auraient été traités avec le thiaclopride, le consommateur est exposé à cette substance, considérée par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) comme cancérogène de catégorie 2, toxique pour la reproduction de catégorie 1B, et perturbateur endocrinien», poursuit l’administration.
À lire aussiTout comprendre aux lois Egalim, au cœur de la colère des agriculteurs
Parmi la soixantaine de mesures destinées à désamorcer la colère des agriculteurs, le Premier ministre Gabriel Attal s’était engagé le 1er février à empêcher ce type d’importations. Et il annonçait le 21 février qu’un arrêté serait pris vendredi. «Nous nous battrons produit par produit pour le respect d’un principe simple : si c’est interdit pour nos agriculteurs, ça ne doit pas rentrer chez nous. (…) Ça désavantage nos agriculteurs. Ça ne protège pas davantage les Français puisque les produits traités avec le thiaclopride arrivent sur les étals», a déclaré le chef du gouvernement.
L’arrêté «enjoint les opérateurs à s’assurer que les fruits et légumes frais importés ne contiennent pas de résidus de thiaclopride: tout au long de la chaîne d’importation, de transformation et de mise en marché de ces produits, les opérateurs français sont ainsi tenus de mettre en oeuvre des moyens de maîtrise du risque d’introduction de produits contenant des résidus quantifiables de thiaclopride», selon le ministère. Le texte, «pris pour une durée d’un an, cessera de s’appliquer» dès que la Commission européenne accèdera à la demande française d’abaisser les «limites maximales de résidus» (LMR) de thiaclopride pouvant être détectées dans les denrées entrant sur le territoire européen.