Les prix cassés cachaient un loup. Si la plateforme de e-commerce chinoise Temu s’est fait une place sur le marché en un temps record, venant même bousculer l’ogre Amazon, cette percée ne va pas sans inquiétudes. Notamment sur l’utilisation des données des utilisateurs et la qualité des produits proposés. Fin 2023, des fabricants de jouets européens ont alerté sur les articles pour enfants vendus sur ce site chinois, qui joue à fond la carte des prix très bas et des investissements publicitaires massifs.

Prenant ces avertissements au sérieux, la Fédération européenne des industries du jouet, Toy Industries of Europe (TIE), a acheté 19 jouets sur la place de marché, et les a adressés à un laboratoire indépendant. Les résultats, parus ce mardi, sont sans appel : aucun d’entre eux n’est conforme à la réglementation de l’Union européenne, ce qui signifie «qu’ils ne devraient pas être mis en vente dans l’UE», et 18 (soit 95%) présentent un réel danger pour la sécurité des enfants, selon un communiqué publié par TIE et de la Fédération française des industries jouet-puériculture (FJP).

Par exemple, les jouets concernés «peuvent entraîner des coupures, des blocages des voies respiratoires, des étouffements, des strangulations, des perforations et des dangers chimiques», énumère le communiqué. Il cite le cas d’un «hochet ruban arc-en-ciel» destiné aux bébés, avec «des bords tranchants sur les cloches métalliques (…), des petites pièces susceptibles de provoquer des étouffements, des protubérances rigides pouvant entraîner des blocages des voies respiratoires».

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Contactée par la fédération européenne TIE, Temu a assuré avoir «pris des mesures pour rendre ces jouets indisponibles sur leur plateforme». «Bien que leur réactivité soit encourageante, les actions correctives ne suffisent pas», estime TIE. Si ce rapport pointe uniquement Temu, TIE rapelle avoir mené une étude similaire en 2020 sur des jouets vendus sur les plateformes Amazon, eBay, AliExpress et Wish, «dont les résultats étaient tout aussi préoccupants» : 97% des jouets achetés n’étaient pas conformes à la législation européenne et 76% étaient jugés dangereux pour les enfants.

TIE et la FJP appellent donc l’UE «à sévir contre les opérateurs sans scrupules établis en dehors de l’Union Européenne qui font fi des règles et vendent des jouets dangereux». Toutefois, les deux fédérations ont bon espoir que le projet de règlement européen sur la sécurité des jouets, en cours de discussions, comble «le vide juridique qui demeure, malgré le Digital Services Act et d’autres règles, pour les vendeurs basés en dehors de l’UE».