La grève des contrôleurs aériens jeudi sera «un mouvement très fortement suivi», a prévenu le président de la principale organisation regroupant les entreprises du secteur aérien, Pascal de Izaguirre, mardi lors d’une conférence de presse. «On nous a parlé de 75% – de vols supprimés – à Orly et de 65% à Roissy-Charles de Gaulle. Ça aura un impact énorme», a annoncé le président de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (Fnam) alors que l’ensemble des syndicats appellent à une grève des aiguilleurs du ciel, après l’échec de négociations sur les mesures d’accompagnement d’une refonte du contrôle aérien.
Pascal de Izaguirre a également dénoncé l’argumentaire du premier syndicat des aiguilleurs du ciel, le SNCTA, qui réclame des hausses de salaires qu’il estime sans impact pour le contribuable français puisque le budget de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) est abondé par les redevances acquittées par les compagnies aériennes. Ce coût supplémentaire «serait répercuté in fine sur le passager», a expliqué Pascal de Izaguirre, qui est également PDG de Corsair. Sans compter que cela constituerait «un élément supplémentaire de dégradation de notre compétitivité» car ce coût est «supporté majoritairement par les compagnies françaises», a souligné le dirigeant. La Fnam s’inquiète en effet de la dégradation de la compétitivité française, dont les compagnies perdent des parts de marché chaque année au profit des compagnies turques ou du golfe.
D’après lui, la France est championne d’Europe des grèves du contrôle aérien avec un impact sur les finances du secteur aérien européen de 800 millions d’euros pour la période 2018-2022, dont 624 millions pour la France seulement. À titre de comparaison, à la deuxième place de ce classement on retrouve l’Italie où les grèves ont représenté un manque à gagner de 147 millions d’euros sur la même période, puis la Grèce, avec 22 millions d’euros, toujours selon les chiffres avancés par la Fnam.
En septembre 2023, le SNCTA et l’Unsa ICNA, deuxième syndicat chez les aiguilleurs du ciel, avaient décrété une trêve olympique, promettant de ne pas faire grève pour des raisons salariales d’ici à la fin des Jeux olympiques (26 juillet au 11 août) et paralympiques (28 août au 8 septembre). «On découvre qu’elle n’était que partielle», a ironisé Pascal de Izaguirre, confiant tout même ne pas être inquiet pour la période de compétition elle-même. Le secteur s’attend d’ailleurs à un été «dynamique». Sur les trois premiers mois de l’année, le trafic aérien de, vers et en France a atteint 96% de celui de 2019 à la même période.