À bout de souffle. En pleine restructuration, le groupe Casino a enregistré des pertes se chiffrant à 5,66 milliards d’euros pour un chiffre d’affaires de 9 milliards d’euros en 2023, selon les derniers résultats annuels publiés sous la direction de Jean-Charles Naouri, le PDG depuis les années 1990 qui va quitter ses fonctions dans moins d’un mois. Quant à la dette financière, elle atteint 6,2 milliards d’euros au 31 décembre.
Ces résultats – les pires de l’histoire du distributeur- mettent un nouveau coup de projecteur sur l’ampleur des efforts pour parvenir à relancer ce groupe, tout juste sauvé par le tribunal de commerce de Paris qui a donné son feu vert au plan de sortie de la sauvegarde accélérée. Une étape clé pour la prise de contrôle officielle du distributeur, fin mars, par le consortium mené par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière ainsi que le fonds d’investissement Attestor. «Le chemin sera encore long, avec des moments difficiles et requerra beaucoup d’efforts de tous», avait déjà indiqué dans un communiqué le milliardaire tchèque, lundi, à l’issue de la décision de justice. Autant dire que les prochains mois s’annoncent délicats pour le futur directeur général, Philippe Palazzi, placé par Daniel Kretinsky, qui devra redoubler d’efforts pour redresser la barre.
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Certes, ces pertes gigantesques de 5,66 milliards (contre 316 millions en 2022) sont en partie liées aux grandes difficultés des hypermarchés et supermarchés de l’enseigne. Or ils ont été récemment cédés à plusieurs concurrents, dont la cession de 288 grandes surfaces à Intermarché et Auchan. Il n’empêche, le chiffre d’affaires de 9 milliards d’euros, qui s’affiche en baisse de 3,7% par rapport à 2022, n’inclut pas ces activités en cours de cession : il concerne donc seulement Monoprix (chiffre d’affaires de 4,3 milliards), Franprix (1,5 milliard), les petits magasins de proximité Casino (1,5 milliard) ainsi que Cdiscount (1,2 milliard). 2023 a pourtant été une année marquée par une flambée des produits alimentaires de 12,8%. Cette inflation a permis à tous les concurrents de doper leur chiffre d’affaires, y compris pour le distributeur Auchan en difficulté. Force est de constater que le groupe Casino, même hors hyper et supermarchés, n’en a pas profité.
C’est une réalité: le groupe souffre, même recentré sur ses activités de proximité avec des enseignes « premium » comme Monoprix. Le résultat de ces activités poursuivies est d’ailleurs en pertes de 2,6 milliards d’euros en 2023 (contre des pertes de 185 millions en 2022), en raison notamment de dépréciations des actifs de Monoprix et Franprix. Quant au résultat opérationnel courant, il chute de 60,6% pour s’établir à 124 millions d’euros.
