Incognito. C’est le mot qui semble le mieux définir la première rencontre du président de la République avec les nouveaux leaders des plus grosses organisations sociales de France. Tour à tour, Patrick Martin pour le Medef, Sophie Binet pour la CGT et Marylise Léon pour la CFDT, vont être, ou ont été reçus par Emmanuel Macron à l’Élysée.
Après le patron des patrons la semaine dernière, c’est donc au tour de la secrétaire générale de la centrale de Montreuil de se retrouver pour la première fois en tête à tête avec le chef d’État ce mardi 29 août. Si la rencontre est présentée comme une prise de contact et n’a pas vocation à avancer sur certains dossiers précis, Sophie Binet n’a pas hésité à se montrer vindicative au micro de France Inter le matin même. «Je vais lui dire qu’il faut qu’il descende de sa tour d’ivoire, que j’entends avec intérêt parler de référendum et que le premier sujet sur lequel il faut organiser un référendum est la réforme des retraites», a-t-elle averti.
La numéro un du syndicat radical veut également mettre la question «de la répression syndicale» sur la table, alors qu’un des secrétaires confédéraux de la CGT, Sébastien Menesplier, a été convoqué en tant que «personne morale» par la gendarmerie pour le 6 septembre. Selon un dirigeant de la CGT, cela fait suite à une coupure de courant opérée le 8 mars, au plus fort de la contestation contre la réforme des retraites, à Annonay (Ardèche), fief du ministre du Travail Olivier Dussopt, et qui avait privé plusieurs milliers de foyers d’électricité.
Pour finir de refroidir l’ambiance, la rencontre se tient quelques jours après l’annonce par l’intersyndicale d’une nouvelle journée de mobilisation le 13 octobre. Le mot d’ordre n’est plus les retraites mais l’augmentation des salaires. Une question que la numéro de la CFDT, qui doit être reçu la semaine prochaine, compte aborder avec Emmanuel Macron, annonce-t-on du côté de la centrale réformiste.
La relative discrétion des Invités et de l’Élysée sur ces rencontres tranche avec le ton de la longue séquence sur la réforme des retraites. Pendant des semaines, les différents membres de l’intersyndicale avaient demandé au chef de l’État de les recevoir. Une demande auquel le principal intéressé avait répondu par la négative, laissant, en apparence du moins, la première ministre, Elisabeth Borne, gérer le dossier.
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Ces discussions ne prennent pas non plus place au sein de la grande initiative qu’Emmanuel Macron mène en cette rentrée. Celle-ci reste cantonnée aux présidents des partis politiques représentés au Parlement, qui sont conviés à une rencontre ce mercredi 30 août. L’objectif est de permettre à chacun d’aborder les sujets qui leur tiennent à cœur et de trouver «des accords utiles pour la France», prenant la forme de «décisions immédiates», «projets et propositions de lois» et même «projets de référendums», selon les mots du chef de l’État.