«Je n’étais pas au courant de ces histoires autour de Polanski.» Le directeur du cinéma Studio Galande, dans le Ve arrondissement de Paris, Hicham Benmohammed, est l’unique professionnel qui avait programmé à Paris des séances du nouveau film de Roman Polanski, The Palace . Mercredi 15 mai, à 20 heures devait se tenir la première séance. Mais, dans l’après-midi, son directeur nous a annoncé qu’il déprogrammait finalement le film. Hicham Benmohammed assure ne pas être au courant des affaires judicaires de Roman Polanski. Il regrette «sa faute professionnelle», «faute d’inattention». Il explique même «avoir été piégé» par le distributeur qui lui «a bien vendu le film».

«Je vais tout annuler», finit-il par expliquer, très embarrassé. Mais cette décision étant prise alors que The Palace est programmé, il s’est réservé la possibilité de ne maintenir qu’une seule séance. Si les spectateurs se présentent en nombre à la séance de 20h, «par respect pour le public», il ne les renverra pas chez eux.

En fait de spectateurs, ce sont surtout des manifestants qui se sont présentés en début de soirée devant son cinéma. Avec banderoles et slogans scandés, une dizaine de personnes ont protesté contre la diffusion du film de Roman Polanski, rebaptisé «Violanski».

Le dernier film de Roman Polanski, The Palace, avait été présenté hors compétition à la Mostra de Venise en septembre. Selon notre journaliste, Étienne Sorin, la satire des ultra-riches du cinéaste controversé est un ratage monumental. Et il n’avait pas trouvé de distributeur pour une sortie en salles jusqu’à ces dernières semaines. «Je ne comprends pas la cabale autour de Polanski, cinéaste âgé de 90 ans, qui vit à Paris et est toujours en activité», avait expliqué Sébastien Tiveyrat, à la tête de Swashbuckler Films en annonçant qu’il s’attelait à la tâche «Il n’était pas concevable pour moi qu’une œuvre de ce génie du cinéma reste invisible en salle en France», avait-il expliqué à l’époque sans avoir vu le film. Au final, une poignée de salles le projetteront en France mais vraisemblablement pas le Studio Galande et donc aucune à Paris.

Roman Polanski, âgé de 90 ans, est accusé de viols et agressions sexuelles par une dizaine de femmes au total. Accusations qu’il nie en bloc. Alors que le 77e festival de Cannes vient de démarrer et que la nouvelle vague Metoo déferle sur la Croisette et dans le milieu du cinéma plus largement, l’homme est devenu le symbole des violences faites aux femmes, tandis qu’un voile trouble recouvre désormais sa filmographie. En 2020, il avait reçu son cinquième César pour son film J’accuse, lors d’une cérémonie mémorable placée sous le signe du féminisme et de la colère. Cette semaine, alors qu’il était poursuivi en diffamation par l’actrice britannique Charlotte Lewis, Roman Polanski a été relaxé par le tribunal judiciaire de Paris. Il avait qualifié «d’odieux mensonges» les accusations de viols de l’actrice.