Une «faute grave» dont «l’opprobre retomberait inévitablement sur l’Institut Marie Curie et ceux qui laissent faire». Stéphane Bern n’a pas de mot assez dur pour condamner les responsables – Emmanuel Macron en tête – qui ferment les yeux sur le «scandale» patrimonial qui se jouerait ces jours-ci au cœur de Paris. Objet de cette émotion ? La destruction de l’un des bâtiments de l’Institut Curie, dans le Ve arrondissement, pour laisser place à un nouvel immeuble de sept étages affecté au campus de l’institution.
Juché sur la montagne Sainte-Geneviève, au cœur du Quartier latin, l’Institut Curie comprend trois pavillons édifiés en 1914. Le pavillon Curie, où se trouvait le laboratoire de physique et de chimie, le pavillon Pasteur, qui abrite un laboratoire de biologie et de radio physiologie, et le pavillon des Sources, où les matières radioactives employées par Pierre et Marie Curie étaient stockées et purifiées. Ce dernier édifice, placé au milieu d’un jardin, est promis à une destruction imminente : les engins doivent entrer en action le lundi 8 janvier.
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Une décision «scandaleuse» pour Stéphane Bern. «Comment les dépositaires du patrimoine et de l’héritage de Marie Curie, alors que nous sommes à moins de 300 mètres du Panthéon où elle a été inhumée, peuvent-ils accepter que l’on détruise ce pavillon pour y construire des bureaux ?, s’insurge-t-il auprès du Figaro. Le seul but de cette démarche est d’accroître le bien-être de salariés qui bénéficient déjà d’un campus à Orsay !» En contact avec la direction de l’institut dont il parraine la campagne Une jonquille contre le cancer, Stéphane Bern menace même de rompre sa collaboration si la démolition est menée à son terme.
Pour faire pencher la balance, Stéphane Bern a alerté Emmanuel Macron. En vain pour le moment. «Il y a des forces en jeu, des puissances, des gens qui ont convaincu le président de la République de poser son nihil obstat. Il m’a dit qu’il allait reconsidérer le dossier.» Mais l’animateur ne se fait guère d’illusions. «Il ne va probablement rien faire, regrette-t-il. Je pense qu’il n’a pas conscience de la gravité de la situation, et je ne suis pas sûr que tout le monde comprenne les tenants et les aboutissants de cette situation.» Selon Stéphane Bern, le président commet une grave erreur en n’agissant pas. «Ce sera une bombe à fragmentation dans l’opinion publique ! C’est un mauvais signal qui est envoyé, un signal qui pourrait avoir une incidence politique grave, puisqu’il révèle l’impuissance de l’exécutif à protéger le patrimoine et surtout révèle un laisser-faire en faveur de la démolition.» Il accable également la mairie de Paris «qui s’en lave les mains comme Ponce Pilate». «C’est n’importe quoi, juge-t-il. Les gens qui ont pris cette décision ne maîtrisent absolument pas ce dossier !»
À défaut d’une réaction de l’Élysée, Stéphane Bern a interpellé la ministre de la Culture. Selon lui, Rima Abdul Malak est, «elle aussi, scandalisée». «La ministre m’a expliqué que cette situation ne concernait pas seulement la Culture : le ministère de la Santé a également son mot à dire, car l’Institut Curie est en partie sous sa tutelle», rapporte Stéphane Bern.
Reste que le projet n’est piloté ni par l’État, ni par la Ville, mais par une fondation privée. Au final, seul un classement du pavillon aux Monuments historiques permettrait de le sauver. La Commission du Vieux Paris en a fait la demande en 2020. Sans que cela soit suivi d’effet.