«Ben Nard Pivot, celui qui fait couillon de bulture.» Au début des années 1990, les Inconnus se moquaient gentiment dans «La Famille en plomb» (parodie d’«Une famille en or») des goûts des Français pour la télévision. Bernard Pivot, décédé ce lundi 6 mai à l’âge de 89 ans, faisait bien évidemment partie des animateurs-star lui qui présentait «Bouillon de culture» sur Antenne 2 (le programme dédié aux livre qui a succédé à «Apostrophes»).
Didier Bourdon, Bernard Campan et Pascal Légitimus ont toujours su capter l’air du temps et allaient au-delà de l’humour et de la parodie pour raconter l’époque. Dans «Apostrofes», ils imaginaient Franck Pivot, le petit-fils de Bernard, présenter les belles lettres en 2033. «Salut, aujourd’hui “Apostrofes” fête ses 50 ans d’existence.», lançait Bernard Campan en journaliste littéraire et rock. Il reçoit Bob Toison pour «un “blème” achement unique, mais hachement grave» : la réforme de l’orthographe du verlan.
«Quand j’ai su que ça venait du doyen de l’Académie, j’ai eu envie de prendre ma ’Suzuk’ et d’aller “over” loin de la coupole», poursuit dans un franglais plus vrai que nature Didier Bourdon, qui campe un membre de l’Académie française coupe banane et boucle d’oreille auteur d’un livre Phlepan (pour pamphlet). «Je suis “over” désabusé. On “dream” total. Et après on s’étonne que les “keums” à l’école, ils s’y retrouvent pas aux exams (…) et qu’on ait dû supprimer le bac, jugé trop difficile.»
Un sketch hilarant d’une justesse prophétique. Bob Toison qui a sorti une anthologie de la poésie française en verlan défend son choix de ne pas avoir cité François Villon. «Je suis très fan de François Villon, mais transcrire le vieux “frenchie” en verlan, c’est “over difficult”.» L’émission se conclut par la promotion de la sortie dans la Pléiade des œuvres de Didier Barbelivien «avec une préface de Félix Gray». Comme tout est prophétique avec les Inconnus, cela va sans doute arriver.
Un sketch à revoir :