Le seul président de la République que Brigitte Bardot n’a jamais rencontré est François Hollande. Auprès du magazine Le Point , Brigitte Bardot a raconté les prémices de son combat pour la cause animale. Combat pour lequel elle s’est entretenue avec la quasi-totalité des présidents de la Ve République. Et sur les chefs d’État français, l’actrice balance. Celui qui l’a le plus aidé ? Giscard. «Chirac, lui, est celui qui m’a le plus promis, mais il n’a rien tenu du tout», explique-t-elle. Et d’ajouter: «Il était adorable, il m’appelait “ma biche” et m’envoyait des petits mots charmants. Il avait peut-être une petite idée derrière la tête.»

C’est probablement Emmanuel Macron que BB supporte le moins. «Ça aura été un fiasco total», assène l’actrice à propos du président de la République. «Lorsque je l’ai rencontré, en 2018, j’ai été surprise par son sérieux et l’attention qu’il portait à tous les sujets que nous avons abordés», confie-t-elle. À l’époque Brigitte Bardot mène un combat acharné contre hippophagie. Lorsqu’elle lui en parle à l’occasion de leur entrevue, «il a paru étonné et même indignée : “Quoi ? On mange encore du cheval en France?” Il ne savait même pas que chez nous, on tue 5000 chevaux pour les bouffer», s’indigne Brigitte Bardot. L’actrice réclame l’interdiction pure et simple de cette pratique. «Il n’a rien fait, bien sûr. […] La cause animale est la cinquième roue de son carrosse présidentiel. Sur ce plan au moins, on peut regretter Giscard», déplore-t-elle.

Sous De Gaulle aussi BB a déplacé des montagnes pour la cause animale. En 1962 après une émission de télévision, elle obtient un rendez-vous avec Roger Frey, le ministre de l’Intérieur de l’époque. Il «faisait partie de ceux que l’on appelait les “barons” du gaullisme. Un personnage important, d’une grande humanité», se souvient Brigitte Bardot. À ce moment-là, l’actrice se bat pour rendre obligatoire le pistolet d’abattage dans les abattoirs. L’instrument empêche la souffrance de la saignée réalisée jusqu’alors sans anesthésie ou étourdissement. Pour son rendez-vous, BB se pointe place Beauvau munie des fameux pistolets. Ce qui a provoqué, selon elle, «un incident avec les services de sécurité du ministère, qui croyaient que je voulais l’assassiner.» L’actrice réussit à convaincre Roger Frey et en 1972, «le pistolet d’abattage est rendu obligatoire pour le gros bétail dans tous les abattoirs conventionnés.»

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De tous, c’est Valéry Giscard d’Estaing qui a le plus aidé Brigitte Bardot. «Il essayait de régler les problèmes.» En 1976, l’actrice tente de mettre fin à la chasse des blanchons – bébés phoques. Depuis la banquise, elle appelle Giscard. «Il était tout à fait d’accord avec nous. Il a interdit l’importation des peaux de phoque. La sauvegarde des bébés phoques aura finalement été le seul grand combat que j’ai fini par gagner, après trente ans de lutte acharnée. En 2009, le Parlement européen a enfin voté l’interdiction de tous les produits dérivés du phoque, à commencer par les peaux, dans l’Union européenne», se félicite BB. VGE ne s’est pas arrêté là, il a également «mis fin à l’utilisation des macaques dans l’industrie automobile pour les crash-tests des voitures. Ils ont été remplacés par des mannequins.»

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Brigitte Bardot déplore que ses combats successifs pour la cause animale soient parfois vains. En 1972, elle ne parvient pas à éradiquer l’abattage rituel sans anesthésie. «Dans les rites juif et musulman, les bêtes sont égorgées en toute conscience, dans la souffrance, par des tueurs assermentés», explique l’actrice. En 2004, BB rencontre Dalil Boubakeur, le recteur de la Mosquée de Paris, et le grand mufti. Elle pense avoir convaincu les deux hommes. Mais il n’en est rien. «Les musulmans ont prétendu qu’ils ne changeraient les modes d’abattage que si les juifs le faisaient aussi, les deux se sont embrouillés. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, m’a ensuite déclaré qu’il trancherait. Il n’a pas pu.»