C’est une affaire que le premier ministre Rishi Sunak lui même considère comme «l’une des plus grandes erreurs judiciaires de l’histoire» au Royaume-Uni. L’ex-patronne de la poste britannique, auditionnée mercredi sur le scandale des postiers poursuivis à tort pour vol, a assuré qu’elle ignorait l’ampleur des problèmes à l’origine du scandale. «Je voudrais simplement dire (…) à quel point je suis désolée pour tous les postiers et leurs familles, et ceux qui ont souffert» a affirmé Paula Vennells, dans une courte déclaration au début de son témoignage très attendu devant la commission d’enquête.
Entre 1999 et 2015, près d’un millier de responsables d’agence du Post Office, une entreprise publique, ont été poursuivis, accusés de vol, sur la base d’informations erronées d’un logiciel de comptabilité baptisé Horizon, de Fujitsu. Des postiers ont dû rembourser les manques à gagner comptables faussement créés, entraînant pour beaucoup leur ruine. Certains ont été emprisonnés. Plusieurs dizaines de condamnations ont déjà été annulées par la justice mais un projet de loi est en cours d’examen au Parlement pour innocenter et indemniser globalement les victimes. afin de réparer ce que le premier ministre Rishi Sunak a décrit comme «l’une des plus grandes erreurs judiciaires de l’histoire» au Royaume-Uni.
Une série diffusée début janvier sur la chaîne de télévision ITV, et centrée sur le combat judiciaire de l’un des postiers, Alan Bates, a replacé cette affaire au centre de l’attention. Sous la pression de l’opinion publique, Paula Vennells, à la tête de l’entreprise entre 2012 et 2019, a dû rendre une décoration que lui avait remise la reine Elizabeth II en 2018.
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«Je voudrais aussi répéter les excuses qui sont dans mon témoignage à l’égard d’Alan Bates et des autres personnes ayant œuvré à révéler ce scandale. »Moi et ceux qui travaillaient avec moi, nous leur avons rendu la tâche bien plus difficile, et je suis vraiment désolée», a-t-elle encore affirmé. De précédents témoignages d’anciens responsables du Post Office la mettent en cause, mais interrogée sur son degré de connaissance des défauts du logiciel ou des actions prises contre les postiers, elle a assuré n’avoir pas été informée pendant de nombreuses années.
«J’ai été trop confiante», a-t-elle déclaré. Je pense que certains, moi y compris, ont fait des erreurs, n’ont pas vu les choses, n’ont pas entendu les choses», a-t-elle insisté, mettant notamment en cause les pratiques de remontée d’information au sein de l’entreprise ou avec son partenaire Fujitsu.
«Comment se fait-il que vous ne soyez pas au courant?», l’a interrogé à de nombreuses reprises l’avocat représentant l’enquête, Jason Beer. «C’est une question que je me suis posée également. J’ai appris des choses que je ne savais pas grâce à cette enquête (…). J’aurais aimé savoir», a-t-elle fait valoir à plusieurs reprises. En 2015, elle avait affirmé devant des députés n’avoir vu aucun déni de justice et qu’il n’y avait pas de problème avec le logiciel Horizon. Encore avant, à l’été 2012, elle avait assuré à plusieurs parlementaires que les procédures en justice menées contre les postiers à cette date avaient toujours donné raison à l’entreprise. Ce qui était faux. «Je reconnais complètement que le Post Office (…) savait cela», a-t-elle répondu, les larmes aux yeux, lorsqu’elle a été interrogée sur ce point précis. «Personnellement je ne le savais pas et je suis profondément désolée», a-t-elle ajouté, s’essuyant les yeux avec un mouchoir.