S’il a été beaucoup question de la crise des hôpitaux et des urgences, la grève illimitée du Samu, lancée le 3 juillet dernier, se voit peu, regrette Yann Rouet, co-président de l’Association française des assistants de régulation médicale (Afarm). Pourtant, «69 Samu sur 100 sont en grève». Un nombre important, mais masqué par le fait que le mouvement n’affecte pas directement la population : «On travaille normalement puisque nous sommes assignés, donc en poste, comme d’habitude. Nous n’avons pas de perte de salaire», explique-t-il.

Des assistants de régulation médicale (ARM) débordés, face aux autorités qui préconisent d’appeler le 15 avant de se rendre aux urgences. Une recommandation qui engendre « forcément une activité supplémentaire», de l’ordre «de 30%, comme l’été dernier», détaille Yann Rouet. Une grève qui n’a ainsi «aucun impact sur la qualité de réponse pour les Français», précise-t-il. Tandis que les hôpitaux se voient contraints de limiter l’accès à leurs portes, le 15 de son côté, craint surtout «de ne pas avoir de réponse adéquate pour la population» face à «des collègues des urgences qui sont débordés, surchargés, et qui eux aussi subissent l’impact de cette situation»

Les agents réclament une « une prime de pénibilité de 100 euros, mais aussi une reconnaissance de notre profession en tant que profession de santé», détaille Yann Rouet. De nouvelles précisions quant aux grilles salariales instaurées «lors du passage de la loi Rist» sont également attendues. Le dernier décompte de l’Arfam affirme qu’au moins 800 embauches supplémentaires seraient nécessaires afin de répondre aux besoins de la profession, bien qu’ils «prendraient avec plaisir ce que Mr. Braun proposait à l’origine», ironise Yann Rouet.

Avant la venue du ministre de la Santé Aurélien Rousseau lundi à Toulouse pour aborder la question des urgences et du Samu, l’Afarm affirmait espérer que «quelque chose se passera pour la profession, on a des revendications, mais toujours pas de retour du cabinet ou des conseillers du ministre», alors qu’«ils sont au courant et connaissent nos attentes». De son côté, le ministre a déclaré que «les ARM c’est le coeur, c’est la rotule de notre système de régulation. Ils ont une fonction particulière qui, en quelques années, a pris beaucoup d’ampleur, qui en a pris encore plus depuis l’an dernier et le fait qu’on incite beaucoup les Français à passer par le 15». «Je considère qu’une partie de ces revendications sont légitimes et on va y travailler dans les toutes prochaines semaines», a-t-il ajouté, sans préciser à quelles revendications il faisait allusion, ni se prononcer sur la demande de l’Afarm d’embaucher 800 ARM supplémentaires. Le ministre a également souligné la «qualité» du travail de ces agents. «Il faut reconnaître cette qualité à sa juste valeur», a-t-il notamment déclaré au délégué de l’Afarm à Toulouse, Lilian Gelbart Carrasco.

Un ARM sur trois est en grève à Toulouse, qui compte «beaucoup de contractuels», pour lesquels il est plus délicat de faire grève, a précisé Lilian Gelbart Carrasco à l’AFP. Chaque année, les Samu reçoivent au total 30 millions d’appels. Selon la Cour des comptes, ce nombre a augmenté de 22% entre 2014 et 2021. Et, à ce stade, «entre 2300 et 2600 ARM sont présents sur l’ensemble du territoire, (Outre-mer comprise)».