S’il continue de clamer son innocence, le jury en a décidé autrement. Accusé de fraude, d’association de malfaiteurs et de blanchiment d’argent, Sam Bankman-Fried a été reconnu coupable jeudi 2 novembre des sept chefs d’accusation par un jury à New York, après cinq semaines d’un procès retentissant. «SBF», la star déchue des cryptomonnaies encourt jusqu’à 110 ans de réclusion criminelle au total. Sa peine doit être prononcée ultérieurement. L’accusation lui reproche d’avoir utilisé, à leur insu, les fonds déposés par les clients de sa plateforme d’échange de cryptomonnaies FTX, qui a fait faillite en novembre 2022. L’argent a alimenté les transactions et placements à risque de sa société d’investissement, Alameda Research, dont les emprunts à la plateforme ont atteint jusqu’à 14 milliards de dollars environ.
«Jugez-le coupable», avait lancé, dans la matinée, Danielle Sassoon, représentante du procureur fédéral de Manhattan, Damian Williams. Elle l’a décrit comme un «patron de talent», «ambitieux», qui «émerveillait» le public, la presse et même les élus du Congrès, qui l’ont auditionné trois fois. «C’est quelqu’un qui voulait devenir président des Etats-Unis», a-t-elle rappelé. Dévoré par son appétit de grandeur, il a voulu faire de FTX la première plateforme mondiale d’échange de cryptomonnaies, selon elle. Dans sa course, «il a voulu dépenser des milliards tirés des comptes de ses clients pour gagner du pouvoir et des relations», a affirmé la substitut du procureur. «Il avait l’arrogance de penser qu’il pouvait commettre une fraude et s’en sortir.»
«SBF» a lui, reconnu, à l’audience, de «grosses erreurs», mais a toujours nié avoir enfreint sciemment la loi. Son avocat l’a dépeint comme un jeune entrepreneur manquant d’expérience, qui avait agi de bonne foi. Pour innocenter l’accusé, «il vous faudrait croire qu’il n’avait rien compris» de ce qu’il se passait au sein de ses propres sociétés, avait lancé au jury, à l’audience, un autre substitut du procureur, Nicolas Roos. «Vous avez suivi tout ce procès et vous savez que rien de tout cela n’est vrai.» «Maintenant, c’est à vous de décider qui croire», a indiqué aux 12 jurés le juge fédéral Lewis Kaplan, avant qu’ils ne se retirent pour délibérer vers 19H15 GMT jeudi.
En quelques heures, ils ont rendu un verdict sans surprise. L’affaire «SBF» avait commencé il y a un an, quand le média CoinDesk avait révélé qu’une part considérable des actifs d’Alameda était constituée d’une cryptomonnaie créée par FTX, le FTT. La révélation avait provoqué l’effondrement de cette devise numérique, et de l’empire de «SBF» avec elle. Extradé des Bahamas, où se trouvait le siège de FTX, le trentenaire, dont la fortune s’est évaporée, est inculpé mi-décembre notamment de fraude et d’association de malfaiteurs.