Un plaidoyer pour le libre-échange. Le président chinois Xi Jinping a dénoncé mercredi la «coercition économique» et «la confrontation de blocs», à l’ouverture à Pékin du troisième forum des Nouvelles routes de la soie, auquel participe son allié russe Vladimir Poutine. «Nous nous opposons aux sanctions unilatérales, à la coercition économique, au découplage et à la réduction des liens» économiques, a déclaré le dirigeant dans un discours. Dans un contexte de tensions avec Pékin, certains responsables politiques en Europe et aux États-Unis prônent depuis plusieurs mois un «découplage» avec la Chine, c’est-à-dire de couper tout lien économique avec le géant asiatique, ou du moins de limiter leur dépendance.
La Chine accueille jusqu’à mercredi les représentants de quelque 130 pays pour le forum des Nouvelles routes de la soie (appelé officiellement «La ceinture et la route»). Un événement diplomatique majeur dont l’invité de marque est le président russe, qui effectue son premier déplacement dans une grande puissance mondiale depuis l’invasion del’Ukraine en février 2022, qui a isolé la Russie sur la scène internationale.
Pékin ne va pas s’engager dans «une confrontation idéologique, des jeux géopolitiques ou une confrontation de blocs», a assuré Xi Jinping mercredi. «Voir le développement des autres comme une menace et l’interdépendance économique comme un risque ne va pas améliorer la vie de chacun, ni le faire se développer plus vite», a-t-il ajouté.
Moscou et Pékin «partagent le désir de coopération équitable dans le monde», a déclaré Vladimir Poutine dans un discours juste après celui de Xi Jinping. Lourdement sanctionnée par les Occidentaux en raison de son offensive contre l’Ukraine, la Russie cherche à resserrer ses liens, déjà très étroits, avec la Chine, laquelle semble avoir pris l’ascendant dans leurs relations bilatérales – déséquilibrées depuis l’affaiblissement russe dû à la guerre.
L’ex-Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, présent au forum en tant que représentant spécial du gouvernement pour la Chine, a quitté la salle peu avant le début du discours de Vladimir Poutine, selon des journalistes sur place.
Dans son discours, Xi Jinping a défendu les Nouvelles routes de la soie, vaste projet d’infrastructures porté par Pékin dans une centaine de pays, affirmant qu’elles vont «apporter un nouvel élan à l’économie mondiale». «Les Nouvelles routes de la soie visent à renforcer la connectivité en termes de politiques, d’infrastructures, de commerce, de finance et entre les peuples, et à apporter un nouvel élan à l’économie mondiale», a-t-il déclaré. «Nous pensons fortement que seule la coopération gagnant-gagnant peut permettre de faire des choses et de les faire bien», a ajouté Xi Jinping. Et «la Chine est disposée à approfondir la coopération avec les partenaires des Nouvelles routes de la soie».
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Vladimir Poutine et Xi Jinping se sont rencontrés mardi soir à une cérémonie ouvrant le sommet, se serrant la main et échangeant quelques mots. Ils ont aussi pris part à une photo de groupe avec d’autres dirigeants. Un entretien entre les deux chefs d’État est programmé mercredi, au moment où la guerre fait rage entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas. Les deux hommes «discuteront de manière amicale et franche (…) des problèmes urgents de la coopération pratique bilatérale et de l’ordre du jour international», a expliqué le Kremlin.
Les pays occidentaux ont majoritairement soutenu Israël depuis le 7 octobre, date à laquelle des combattants du Hamas ont franchi la frontière entre la bande de Gaza et l’État hébreu pour massacrer plus de 1.400 personnes – pour la plupart des civils. Washington a appelé Pékin à user de son «influence» pour apaiser la situation dans la région, où les bombardements de représailles israéliens sur Gaza ont tué au moins 2.750 personnes, en majorité des civils palestiniens, selon les autorités locales.
La Chine avait parrainé en mars le spectaculaire accord de rétablissement des relations diplomatiques entre l’Iran – soutien du Hamas – et l’Arabie saoudite. Pékin va également envoyer cette semaine dans la région son émissaire pour le Moyen-Orient, Zhai Jun. Selon la télévision d’État CCTV, il plaidera en faveur d’un cessez-le-feu et de pourparlers de paix. La Russie, qui entretient traditionnellement de bonnes relations avec les autorités israéliennes et palestiniennes, a appelé à un «cessez-le-feu immédiat» dans le conflit.
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