Statu quo pour le livret A. Ce jeudi, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé le maintien du taux de rémunération à 3% au 1er août. Celui-ci restera à ce niveau jusqu’en 2025, «pendant dix-huit mois», conformément aux recommandations de la Banque de France. Et ce, même si l’inflation ralentit d’ici-là. Un moyen d’éviter une hausse du taux que redoutaient certains acteurs, tout en offrant des garanties aux épargnants, très attachés à ce produit.
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a ainsi validé la proposition du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau de maintenir le taux du Livret A à 3% malgré l’inflation, au lieu d’appliquer la formule de calcul qui aurait abouti à 4,1%. En effet, le livret A, révisé deux fois par an en février et en août, obéit à une formule intégrant l’inflation des six derniers mois, et les taux interbancaires à court terme.
Un taux plus élevé aurait augmenté «le coût du crédit pour les PME, qui ont besoin d’investir» ainsi que celui «du crédit pour le logement social» soit «des dizaines de milliers de logements sociaux» en moins, a-t-il fait valoir sur TF1. «Plus le taux du livret A est élevé et plus les prêts sont chers. Je ne veux pas mettre en péril la construction de dizaines de milliers de logements ou le développement de milliers de petites entreprises».
En contrepartie, le gouvernement entend maintenir cette rémunération jusqu’au 1er février 2025. «Je maintiendrai ce taux quand bien même l’inflation devrait être bien inférieure et ainsi faire baisser le taux du Livret A» a-t-il poursuivi. Mais surtout, le gouvernement «produire un choc d’attractivité» sur le Livret d’épargne populaire, dont le taux est entièrement calculé en fonction de l’évolution des prix à la consommation. Le taux de ce placement, accessible sous conditions de revenus (1774 euros par mois pour une personne seule), sera fixé à 6%, bien au-dessus de l’inflation qui est de 4,4% en juin. «Ce taux aurait dû baisser si nous avions appliqué la mathématiquement formule» a ajouté le locataire de Bercy.
Le plafond du LEP aujourd’hui de 7700 euros sera aussi rehaussé à 10 000 euros. En effet, un titulaire de ce placement sur deux est déjà au plafond. «Le LEP c’est de l’épargne populaire. C’est un grand succès avec 10 millions de détenteurs. 8 millions de Français supplémentaires y ont droit. J’invite donc tous les Français qui le peuvent à ouvrir un LEP» a poursuivi Bruno Le Maire.
Pour les autorités, trois scénarios différents pouvaient se dessiner. D’abord, celui, improbable, d’une hausse importante du taux. Selon la formule de calcul prévue par la Banque de France, celui-ci aurait dû, selon les experts, se situer entre 4% et 4,1%. Mais les autorités ont la possibilité de déroger à cette formule en cas de circonstances jugées exceptionnelles. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le gouvernement n’applique pas la formule du livret A. En février déjà, la prise en compte de l’inflation et des taux de marché aurait dû aboutir à une rémunération à 3,30%. Ensuite, un «compromis à 3,5%» – la seconde hypothèse – avait été envisagé, comme l’avançait cette semaine Éric Dor, directeur des études économiques de l’IESEG sur BFM Business. Enfin, la dernière hypothèse évoquait la non-augmentation du taux d’intérêt du livret A, qui resterait donc à 3%. Plusieurs acteurs, comme la Caisse des dépôts et consignations (CDC), qui gère 60% des montants déposés par les quelque 55 millions de Français détenteurs d’un livret A, et l’Union sociale pour l’habitat avaient plaidé pour cette solution.
Du fait du retour de l’inflation, et de la remontée des taux d’intérêt, le taux du livret A a été relevé à de nombreuses reprises ces derniers mois. Celui-ci est passé de 0,5% à 1% en février 2022. Il s’agissait là de la première hausse depuis plus de dix ans. La rémunération a ensuite été une nouvelle fois relevée à 2% au 1er août 2022 «en raison de l’inflation», puis à 3% le 1er février dernier. Il était alors au plus haut depuis 2008. Ces dernières années, la hausse du taux a fait exploser la collecte du livret A : les ménages y ont déposé ainsi plus de 2,5 milliards d’euros, rien qu’en mai et 24,5 milliards d’euros en cinq mois. Le livret de développement durable et solidaire, quant à lui, a récolté 7,87 milliards d’euros sur la même période. Reste à voir comment l’annonce de ce jeudi influera sur cette dynamique.