Inflation oblige, les Français gardent plus longtemps qu’avant leur voiture, et évitent d’en changer avant d’être dos au mur. Et, même dans ce cas, ils se tournent plutôt vers l’occasion que le neuf : c’est en tout cas la tendance qui se dessine dans la dernière étude Kantar Parc Auto 2023 que Le Figaro dévoile en exclusivité ce jeudi 31 août. Réalisée en début d’année, celle-ci revient sur les habitudes des Français en 2022.

Si les ménages sont toujours autant attachés à posséder leur propre voiture – avec 85,9% des ménages possédant au moins un véhicule -, «le contexte inflationniste continue d’impacter les achats de véhicules, et le parc vieillit en conséquence», relève l’étude réalisée chaque année. En 2022, l’âge moyen d’un véhicule atteignait ainsi 9,8 ans, contre 8,3 en 2012, 7,3 en 2002 et 6,1 en 1992. Un phénomène que l’on observe aussi bien sur les véhicules diesel que les véhicules essence.

De fait, «le niveau de vente de véhicules neufs, qui avait fortement chuté avec la crise sanitaire et les problèmes d’approvisionnement depuis 2020, recule encore en 2022», note l’étude, alors que le nombre d’immatriculations de véhicules particuliers était de 1529 en 2022, contre 1650 en 2020 et 2173 en 2018. «Pour la troisième année consécutive, le marché continue de subir de plein fouet la crise, en raison de la guerre en Ukraine, de l’inflation galopante mais aussi de grosses difficultés d’approvisionnement en matières premières», explique Béatrice Guilbert, directrice conseil chez Kantar division Insights. Une analyse confirmée par le Comité des constructeurs français d’automobile (CCFA), selon lequel «l’achat de véhicules neufs n’a jamais été aussi bas depuis plus de 10 ans».

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Cette tendance pourrait bien se poursuivre dans les prochaines années, puisque moins de deux individus sur dix comptent remplacer leur voiture d’ici fin 2025. Seulement 3% des personnes interrogées ont prévu d’acheter une voiture dans les six prochains mois, et plus de la moitié (56%) ne sait pas s’ils changeront de véhicule. «L’incertitude diminue, au profit de ceux déclarant remplacer leur véhicule après 2025, confirmant la préférence pour retarder l’achat et le remplacement, ce qui pourrait accentuer encore plus le vieillissement du parc», précise l’étude. En outre, dans le cadre d’un achat futur, deux individus sur trois préféreraient opter pour un modèle d’occasion, plutôt qu’un neuf.

Ce qui n’empêche pas aux Français de regarder les modèles alternatifs. L’étude montre en effet que, malgré un parc vieillissant, le diesel poursuit son déclin, «tandis que les énergies alternatives prennent de plus en plus d’importance dans les nouvelles immatriculations dans le parc». «On a une vraie baisse du parc diesel», se félicite Béatrice Guilbert, ces véhicules représentant seulement 16% des nouvelles immatriculations. Conséquemment, son poids dans le parc diminue également, passant cette année à 47%, en dessous de la barre symbolique des 50%. Et même si les motorisations alternatives, hybrides, hybrides rechargeables ou encore électriques, «restent quand même assez minimes» selon Béatrice Guilbert, elles prennent «de plus en plus d’importance dans les nouvelles immatriculations». Elles pesaient ainsi 43% des véhicules en 2022, et leur poids au sein du parc a progressé en conséquence pour atteindre 8% du total.

De même, les Français tentent de se passer de leur voiture lorsqu’ils le peuvent, constate l’étude, qui s’appuie sur la fréquence d’utilisation des véhicules. «Une forme de rationalisation dans l’usage des véhicules par contrainte économique, et pas seulement par prise de conscience écologique», estime Béatrice Guilbert. De plus, les nouvelles habitudes semblent se pérenniser, avec «le télétravail et le recours aux nouveaux modes de déplacement». «La hausse des prix des carburants» pèse également.

Cette baisse de la fréquence d’utilisation des véhicules s’accompagne «d’une reprise à la hausse de l’utilisation de modes alternatifs comme le covoiturage qui est reparti à la hausse», souligne Béatrice Guilbert. En 2022, le taux de location a atteint 6%, contre 5% l’année précédente. Même chose côté covoiturage, alors que 14% des Français l’ont pratiqué occasionnellement ou régulièrement en 2022, contre 11% l’année précédente. S’il n’y a pas de «révolution» dans la façon de se déplacer, la directrice chez Kantar division Insights constate donc «au moins des frémissements» dans les comportements des Français.