Un mois et demi de répit. Les États-Unis ont évité in extremis la paralysie de leur administration fédérale ce samedi 30 septembre, avec l’adoption par le Sénat, à trois heures seulement du «shutdown», d’une mesure d’urgence permettant de continuer temporairement son financement. Cette disposition d’urgence adoptée par le Congrès prévoit que l’administration américaine continue d’être financée pendant 45 jours. Elle exclut cependant l’aide à l’Ukraine en guerre, demandée par la Maison-Blanche.
Dans une tentative ultime d’éviter la paralysie de l’administration américaine, la résolution proposée à la dernière minute par le président (républicain) de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, a été adoptée par la Chambre avant d’être validée par le Sénat à trois heures seulement du «shutdown», qui aurait mis des fonctionnaires au chômage technique et coupé l’aide alimentaire à certains bénéficiaires.
Des centaines de milliers de fonctionnaires américains ont donc retenu leur souffle à l’approche de l’échéance (minuit dans la nuit de samedi à dimanche), car aucune des deux chambres du Congrès – ni le Sénat aux mains des démocrates, ni la Chambre des représentants contrôlée par les républicains – n’avait trouvé d’accord sur une loi de finances pour prolonger le budget de l’État fédéral.
Si la mesure de Kevin McCarthy n’avait pas été adoptée, la première économie du monde aurait ralenti dès dimanche : 1,5 million de fonctionnaires auraient été privés de salaire et le trafic aérien aurait été perturbé, tandis que les visiteurs des parcs nationaux auraient trouvé porte close. Le vote de samedi est «une victoire pour le peuple américain, et une défaite totale des extrémistes de droite», s’est félicité le chef des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries.
Adopté avec 335 oui (91 non) à la Chambre, le texte a été ensuite approuvé par 88 sénateurs contre 9. «Ce soir, les majorités bipartisanes de la Chambre des représentants et du Sénat ont voté en faveur du maintien de l’ouverture du gouvernement, évitant ainsi une crise inutile qui aurait infligé des souffrances inutiles à des millions d’Américains qui travaillent dur», s’est félicité le président Joe Biden, dans un communiqué.
Mais il a immédiatement appelé le Congrès à approuver rapidement l’aide à l’Ukraine qui a été exclue de la mesure de financement d’urgence. «Je m’attends à ce que le président du Congrès respecte son engagement envers le peuple ukrainien et garantisse l’adoption du soutien nécessaire pour aider l’Ukraine en ce moment critique», a déclaré Joe Biden, faisant référence à Kevin McCarthy.
Pour évoquer l’aide à l’Ukraine, les législateurs doivent à présent se pencher sur un projet de loi distinct portant sur une aide militaire et humanitaire de 24 milliards de dollars à l’Ukraine, que Joe Biden souhaitait voir figurer dans le budget. Un vote pourrait avoir lieu en début de semaine prochaine, selon les médias américains. La Maison-Blanche avait initialement réclamé que la loi de finances comprenne ces 24 milliards de dollars d’aide.
«Ce que la Russie a fait est mal. Mais je pense que quoi que nous fassions, il faut que nous définissions ce qu’une victoire veut dire et ce que le plan doit être», a dit Kevin McCarthy à la presse. «Je pense qu’il y a une vraie frustration à travers l’Amérique, qui voit ce président ignorer les frontières des États-Unis et se préoccuper davantage d’un autre endroit», a-t-il ajouté, en allusion à ce que les républicains qualifient de «crise migratoire aux États-Unis».
Une poignée d’élus républicains trumpistes refuse de débloquer une quelconque nouvelle aide à Kiev, estimant que ces fonds devraient être alloués à la gestion de la crise migratoire. Ces lieutenants de Donald Trump, qui disposent d’un pouvoir disproportionné en raison de la très faible majorité républicaine à la Chambre, ont reçu l’ordre de la part de l’ancien président, qui pourrait affronter Joe Biden en 2024, de «paralyser» l’État fédéral à moins d’obtenir gain de cause sur «tous» les dossiers budgétaires en débat.
Sous la présidence de Donald Trump, les États-Unis avaient connu leur plus long «shutdown», au cours de l’hiver 2018/2019. Selon plusieurs estimations, le PIB du pays avait alors été amputé de plus de 3 milliards de dollars.