Bloquer, comme l’Italie, le robot conversationnel ChatGPT pour atteinte à la législation sur les données personnelles est «une mauvaise réponse», a estimé ce jeudi le ministre délégué au numérique Jean-Noël Barrot dans un entretien avec La Tribune. Interrogé par le quotidien économique pour savoir s’il fallait copier cette mesure radicale adoptée fin mars par l’Autorité italienne de protection des données personnelles, Jean-Noël Barrot répond sans ambages : «Non».
Cette autorité «se demande d’abord si ChatGPT respecte le RGPD (Règlement général sur la protection des données). À mon avis, il ne le respecte pas», a expliqué le ministre. «La question posée» par l’Italie est «subtile et intéressante, même si elle y apporte une mauvaise réponse», a-t-il concédé. L’application ChatGPT, développée par l’américain OpenAI, enfreint de multiples manières, d’après l’Italie, la réglementation européenne qui protège les internautes, et entre autres ne vérifie pas si ses usagers sont majeurs.
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OpenAI a répondu ce jeudi qu’il s’était engagé «à renforcer la transparence dans l’usage des données personnelles (…) et les garanties pour les mineurs», avec des mesures qui doivent être évaluées dans les jours à venir par les autorités italiennes. Dans La Tribune, Jean-Noël Barrot plaide pour l’approche plus modérée de la France, consistant à «encadrer l’innovation pour qu’elle soit conforme aux principes auxquels on est attachés». «Quand ChatGPT a fait irruption dans notre quotidien, j’ai saisi le comité national d’éthique du numérique», a-t-il souligné.
L’instance de surveillance avait auparavant, en novembre 2021, rendu un avis sur les «agents conversationnels». Il émettait plusieurs recommandations, comme celle de laisser percevoir clairement à l’utilisateur le caractère de machine de ces applications, sans chercher à les humaniser. «Dans quelques mois, le comité national d’éthique va nous rendre une version actualisée de cet avis à la lumière de ChatGPT», a promis Jean-Noël Barrot.
Le ministre s’était montré très critique sur cette application en février. «C’est un outil fascinant, mais à ce stade ce n’est qu’un perroquet approximatif, qui restitue parfois un peu maladroitement les sommes astronomiques d’informations qu’il a compilées sur Internet», avait-il expliqué sur France Info.