Si plusieurs drames sur les chantiers des Jeux olympiques 2024 de Paris ont suscité des inquiétudes sur la sécurité des travailleurs, une voix importante veut plutôt mettre en avant les progrès réalisés. Impliqué dans le comité d’organisation des JO, l’ex-chef de la CGT Bernard Thibault affirme dans un entretien à Ouest-France ce dimanche qu’il y a eu à ce jour beaucoup moins d’accidents du travail sur les chantiers des Jeux que sur des chantiers similaires.

«À ce jour, il y a eu 164 accidents dont 25 graves. Il faut y ajouter un mort sur le chantier d’une station d’épuration qui dépend de la Ville de Paris sans être juridiquement un chantier olympique, indique l’ex-secrétaire général de la CGT (1999-2013), qui siège au sein du comité d’organisation des JO et représente les signataires de la charte sociale. C’est encore trop, bien sûr. Mais quand on rapporte ces chiffres aux heures travaillées, il y a eu quatre fois moins d’accidents dans ce programme que sur des chantiers de dimension comparable en France.»

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L’ancien responsable syndical évoque aussi dans cette interview le cas des travailleurs non déclarés ou sans-papiers, «omniprésents sur les chantiers en France», avec entre un et cinq sans-papiers pour 50 ouvriers sur un chantier. Pour les JO de Paris, le comité d’organisation a obtenu une mission d’inspection du travail, qui a donné lieu à des procès-verbaux, et au moins une action en justice contre une entreprise, le groupe CGC.

L’exemple français doit permettre d’«obliger le CIO (Comité international olympique, NDLR) à mieux reconnaître les droits des travailleurs du pays organisateur», souligne Bernard Thibault. Qui dit être «en contact avec les organisateurs des (prochains) JO de Los Angeles et de la prochaine Coupe du monde de football». «On est loin de l’idéal mais il y a eu des progrès», ajoute-t-il. Interrogé sur les risques de grève pendant les Jeux, il estime que «si l’on sait anticiper, il n’y a pas de raison d’avoir des grèves sous prétexte qu’il y aurait les JO en France». «Ils ne seront pas une cible en tant que telle», ajoute-t-il.

Une audience devant le Conseil des prud’hommes de Bobigny, où dix anciens ouvriers sans-papiers ont assigné des géants du bâtiment pour faire reconnaître leur travail sur les chantiers des JO, vient d’être renvoyée à mars 2024. Elle oppose des travailleurs essentiellement originaires du Mali à des géants du BTP comme Eiffage ou Spie Batignolles, ainsi qu’à huit entreprises sous-traitantes.