Le passage du député Quentin Bataillon dans l’émission «Touche pas à mon poste» sur C8 laisse une partie de ses collègues perplexes. Le président de la commission d’enquête sur les fréquences TNT (issu de la majorité présidentielle) a fait le bilan de ses travaux ce mardi 2 avril sur le plateau de Cyril Hanouna, qui a lui-même été auditionné par cette commission… et égratignant au passage un animateur concurrent, Yann Barthès, également entendu par la commission.

«Je crois que c’est la première fois que je me suis énervé, il avait une attitude assez arrogante dès le début, il refusait de répondre à nos questions», a lâché Quentin Bataillon au sujet du présentateur de Quotidien, sur TMC. Il a ensuite critiqué la posture des députés LFI lors de la commission d’enquête, dont son rapporteur Aurélien Saintoul : il va rédiger son rapport «seul» d’ici début mai, et «j’imagine qu’il sera marqué», a taclé Quentin Bataillon, en souhaitant «sortir de la chasse aux sorcières, de la chasse aux animateurs, aux journalistes, aux chaînes».

«Il faut qu’on fasse des recommandations sur le cadre» du choix des titulaires des fréquences, a-t-il appuyé. «On ne rentre pas dans les foyers des gens pour leur dire ce qui est bien, ce qui est mal» et, «parfois, le mépris que certains peuvent avoir pour votre émission se reporte sur ceux qui la regardent», a argumenté le parlementaire. Avec Aurélien Saintoul, il assure avoir «tout fait pour garder les relations les plus cordiales possible», alors que les rapports se sont tendus au fil des auditions, de celle de Vincent Bolloré – milliardaire qui contrôle le groupe Canal comprenant C8 – à celle de la ministre de la Culture Rachida Dati.

Aurélien Saintoul a ironisé sur X au sujet de l’invitation de Quentin Bataillon dans «TPMP» : «Merci de votre démarche expérimentale pour faire avancer la commission d’enquête. N’oubliez pas de vérifier si on peut désormais nommer voire critiquer V. Bolloré dans TPMP sans risquer de se faire agresser par C. Hanouna», a-t-il ajouté en référence à un épisode de novembre 2022 où le député LFI Louis Boyard, invité de l’émission, avait été insulté en direct. Cela avait entraîné une amende record de 3,5 millions d’euros pour C8.

Plusieurs députés ont critiqué ensuite l’intervention du président de la commission d’enquête sur la chaîne. Pour Alexis Corbière (LFI), «plus personne ne peut croire à son indépendance et son objectivité». «En voilà encore un qui abîme le Parlement et se marre de saccager la démocratie», selon l’écologiste Benjamin Lucas, sur X également. Olivier Faure a lui taclé Quentin Bataillon sur sa propre arrogance d’«aller chez Hanouna pour cracher sur Barthès tout en présidant une commission d’enquête sur la TNT».

Outre ces sorties remarquées, le député a fait œuvre de pédagogie au sujet des travaux de sa commission, qui a été initiée par les députés LFI à l’automne pour faire la lumière sur l’attribution des fréquences TNT, dont celles de C8 et CNews remises en jeu cette année.