Interrogée sur la nomination de Gabriel Attal à Matignon, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, invitée du Grand Jury RTL-Le Figaro-RTL ce dimanche a appelé à un «changement de cap» de ce nouveau gouvernement. «On attend des actes», a-t-elle insisté, dénonçant «le naufrage économique, social et moral du quinquennat d’Emmanuel Macron». La cheffe de file de la CGT doit s’entretenir dans les prochains jours avec le Premier ministre qui doit discuter avec chacune des organisations patronales, syndicales et organisations d’élus.

La syndicaliste a notamment fustigé les dernières réformes sociales qualifiées de «violentes», les ordonnances travail, l’assurance chômage, la réforme des retraites, une «anomalie démocratique», a-t-elle dit, «qui nous a volé deux ans de notre vie». «À chaque fois, le gouvernement nous avait vendu ces réformes en nous disant vouloir atteindre le plein-emploi et améliorer la situation économique. Or on voit qu’il n’en est rien : malgré ces réformes, le chômage repart à la hausse, la balance commerciale est déficitaire et les défaillances d’entreprises se multiplient», a-t-elle énuméré.

L’un des premiers dossiers explosifs sur lequel le nouveau premier ministre est attendu au tournant par les syndicats est la loi immigration, contre laquelle un nouveau rassemblement est prévu le 21 janvier, soit quatre jours avant la décision du Conseil constitutionnel. Le texte législatif, qui a pour objet de contrôler l’immigration et d’améliorer l’intégration, prévoit entre autres l’aménagement de quotas migratoires, le durcissement des conditions du regroupement familial et de l’accès aux allocations, la régulation exceptionnelle de travailleurs dans les métiers en tension ou encore des mesures pour faciliter l’expulsion des étrangers en situation irrégulière.

«Cette loi déshonore la France», a martelé Sophie Binet, qui appelle Emmanuel Macron à ne pas promulguer le texte. «À l’approche des JO, on dit au monde qu’on ne veut plus d’étrangers», a-t-elle dit, soulignant que «sans l’immigration, l’économie ne pourrait pas tourner, 60% des aides à domicile sont d’origine étrangère.» La secrétaire générale de la CGT a réitéré son appel à la désobéissance civile en ce qui concerne le volet sur la conditionnalité des aides sociales, qui fait écho au principe de «préférence nationale», mis en avant depuis des années par le Rassemblement national. «C’est en contradiction totale avec les valeurs qui fondent la sécurité sociale (…), la solidarité ne peut pas être un délit. Si jamais cette loi était promulguée, si des salariés sont tenus de dénoncer des personnes sans titre de séjour, on va s’organiser avec eux pour les protéger.»

Autre dossier qui préoccupe les organisations syndicales en ce début d’années, la question de l’emploi des seniors, devenue hautement politique avec le relèvement de l’âge de départ à la retraite. La CGT a entamé des négociations sur le sujet avec le patronat et plaide pour des mesures contraignantes, auxquelles les entreprises se refusent pour le moment. La CGT souhaite que les licenciements soient limités au-delà d’un certain âge. «Il faut interdire les ruptures conventionnelles collectives car c’est souvent les seniors qui sont visés», préconise la chef de file, «c’est le gouvernement qui contraint à travailler deux ans de plus, c’est se moquer du monde de laisser les entreprises multiplier les plans de départ pour seniors, il faut les contraindre à prendre des mesures.»

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Enfin, alors que les augmentations de salaires ont quasiment suivi l’inflation l’année dernière et que les signes d’accalmie des prix apparaissent en janvier, la question des salaires continue de préoccuper les partenaires sociaux. Comment augmenter les salaires sans faire augmenter les prix ? «En fait, aujourd’hui les prix explosent mais les salaires baissent», a répondu Sophie Binet, réfutant toute boucle prix salaire à l’origine de l’inflation. «L’augmentation des prix elle est liée à l’explosion des profits et des dividendes, même le FMI le dit (…). Il y a des millions de salariés qui ne peuvent pas vivre avec leur salaire.»