Malgré les annonces de Gabriel Attal ce mercredi, les agriculteurs restent mobilisés. Quelque 200 manifestants en colère ont pénétré ce mercredi dans le siège de Lactalis, première entreprise laitière mondiale, à Laval. Ils répondaient à l’appel de la Confédération paysanne, pour dénoncer une nouvelle fois les pratiques du géant de l’industrie laitière et réclamer une meilleure rémunération des éleveurs. Aidés de deux tracteurs, les manifestants sont parvenus à forcer l’entrée du site et ont investi le hall d’accueil du siège, recouvrant les locaux d’autocollants proclamant «Notre métier a un prix», et brandissant des pancartes «Lactalis, prédateur de la valeur» ou «Lactalis tue».

«Lactalis, c’est le numéro un mondial du lait qui n’est pas capable de payer correctement ses producteurs», a déclaré aux journalistes Laurence Marandola, porte-parole nationale de la Confédération paysanne, depuis l’accueil du groupe agro-industriel. «Lactalis, c’est l’emblème mondial et national d’entreprises prédatrices de notre travail, du prix de nos produits et du travail des paysans», a-t-elle ajouté. «Il y a tellement de profits qui ne ruissellent pas vers les producteurs et les éleveurs, c’est un scandale absolu», a dit la responsable du syndicat agricole, accusant Lactalis de «pratiques asservissantes» et d’infliger des «représailles» à tous les éleveurs qui protestent publiquement contre ses méthodes en refusant de collecter leur lait. «Ils ne peuvent pas parler, les éleveurs de Lactalis», a-t-elle affirmé.

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Lactalis «s’étonne» dans un communiqué «de la tenue de cette mobilisation et déplore les conditions dans lesquelles elle s’est déroulée» en précisant que «des négociations sous l’égide du médiateur des relations commerciales et agricoles [sont] actuellement en cours [sic]».

«Les discussions entre Lactalis et l’organisation de producteurs Unell, dans le cadre des dispositions Egalim, portent sur un contrat de droit privé dans l’objectif de parvenir à une solution satisfaisante pour trouver un juste équilibre sur le prix du lait […]. Lactalis a été le premier à solliciter cette médiation dans une démarche constructive et dans la volonté de trouver rapidement une solution», affirme le groupe.

Interrogée sur les annonces faites dans la matinée par le premier ministre Gabriel Attal, Laurence Marandola a jugé que la nouvelle version de la loi Egalim, censée garantir aux agriculteurs un revenu tenant compte de leurs coûts de production, ne pouvait pas attendre cet été. «La priorité des priorités ne peut pas attendre l’été. Si en deux semaines on peut défaire des questions sur les produits phytosanitaires, pourquoi on ne pourrait pas en quelques semaines se doter d’une loi qui protège les revenus des paysans», a-t-elle lancé.

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Et Gabriel Attal «n’a pas garanti un prix minimum qui permette de couvrir notre rémunération et nos coûts de production», a-t-elle critiqué. Avec plus de 28 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022, Lactalis a détrôné un autre mastodonte, Danone, comme leader français de l’agroalimentaire et intégré le top 10 mondial du secteur. Le groupe, qui a fêté en octobre ses 90 ans, compte 270 sites de production dans 51 pays et 85.000 employés. Ses produits, dont les emballages ne portent aucune mention Lactalis, sont commercialisés dans 150 pays.