Les viticulteurs bordelais ont sollicité l’arrachage d’environ 8.000 hectares de vigne avec plus de 1.200 dossiers déposés dans le cadre d’un plan d’aide au premier vignoble AOC français, a annoncé vendredi le ministère de l’Agriculture. Ce dispositif d’un montant total de 57 millions d’euros, annoncé en juin et approuvé en novembre par la Commission européenne, propose une prime de 6.000 euros à l’hectare arraché pour lutter contre la flavescence dorée, une maladie qui menace les vignes laissées à l’abandon, «en dé-densifiant le vignoble». Le programme cofinancé par l’État et l’interprofession, qui peut atteindre 9.500 hectares sur deux ans, doit aussi permettre de réduire une production excédentaire. Le guichet sera rouvert à l’automne 2024 pour les 1.500 hectares restants.

En juillet, 1.085 pré-candidatures avaient été déposées en vue d’arracher 9.251 hectares. «On est relativement proche», a déclaré à l’AFP Stéphane Gabard, président du Syndicat des AOC Bordeaux et Bordeaux supérieur. «Cela montre un certain engouement de nos opérateurs qui ont besoin de réduire leurs surfaces et d’éviter les problèmes sanitaires liés à la multiplication des vignes en friche.»

L’État a prévu de financer l’opération à hauteur de 30 millions d’euros – jusqu’à 38 millions si nécessaire – pour son volet renaturation qui consiste à transformer les parcelles en forêts ou jachères pendant 20 ans minimum ; le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) apporte de son côté 19 M EUR en vue d’une diversification des cultures. Un communiqué du ministère détaille la répartition des candidatures qui illustre, selon M. Gabard, la moyenne d’âge élevée des quelque 4.000 viticulteurs vivant de leur production en Gironde.

La première option, synonyme d’un arrêt de l’activité, a été plébiscitée en effet par plus de 700 candidats représentant, avant instruction des dossiers, près de 4.000 hectares. Ils bénéficieront d’un montant maximal global d’aide de 24 M EUR, «compatible avec l’enveloppe prévue par l’État pour le volet du dispositif qui lui incombe». L’autre option, financée par le CIVB, a séduit quelque 500 vignerons pour arracher plus de 4.000 hectares également: ces demandes excèdent, en revanche, l’enveloppe de 19 M EUR disponible. Elles feront donc l’objet d’un «coefficient stabilisateur limitant les surfaces éligibles» qui sera déterminé à l’issue de l’instruction des dossiers.

Les travaux d’arrachage débuteront avant le 31 mai dans un vignoble qui souffre de l’effondrement des prix, de la fermeture de marchés à l’export et d’une surproduction évaluée à un million d’hectolitres. En parallèle, la région Nouvelle-Aquitaine financera à hauteur de 10 millions d’euros la reconversion agricole des terres après arrachage.