Bras de fer au sein même du gouvernement sur le Black Friday. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a jugé ce jeudi «maladroite» la campagne de l’Ademe visant à inciter les consommateurs à ne plus acheter de neuf, au profit du recyclé. Mais son collègue Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, a dit ensuite refuser de retirer les spots litigieux.
La campagne de l’agence de la transition écologique, qui met en scène des «dévendeurs» au lieu de vendeurs, a été très critiquée par de très nombreux acteurs du commerce à la veille du Black Friday et qui craignent un impact sur leurs ventes lors de la période cruciale de fin d’année. «Nous demandons à l’Ademe son retrait immédiat, faute de quoi nous envisagerons une action en justice pour dénigrement commercial», ont annoncé l’Alliance du Commerce, l’Union des Industries Textiles (UIT) et l’Union française des industries Mode et Habillement (UFIMH).
«Vous ne pouvez pas savoir le nombre d’appels que j’ai d’enseignes qui se sentent insultées dans un moment essentiel après les crises qu’on connaît», a réagi jeudi le directeur général de l’Alliance du Commerce Yohann Petiot auprès de l’AFP. Bruno Le Maire a considéré sur Franceinfo que la campagne «n’était pas très sympa» pour les vendeurs, dont elle semble se moquer, «même indirectement».
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Surtout, a-t-il estimé, c’est maladroit «vis-à-vis du commerce, surtout le commerce physique qui se bat et que nous soutenons, particulièrement en centre-ville». Pour lui, «c’est une façon de faire la promotion indirecte du commerce dématérialisé sur les plateformes», et c’est «regrettable». «Je crois profondément à la sobriété mais pas en prenant les vendeurs ou les commerces physiques comme cibles, et pas en culpabilisant», a ajouté Bruno Le Maire.
De son côté, Christophe Béchu a dit «assumer» cette campagne : «Aucun des spots ne sera retiré», a-t-il prévenu jeudi sur France Inter. «Que 0,2% du temps d’antenne publicitaire soit consacré à se demander si tous les achats sont utiles, franchement, vu les enjeux de transition écologique, ça ne semble pas déraisonnable», a justifié le ministre de la Transition écologique.
Il a toutefois concédé «une maladresse» : «on aurait dû cibler avec le même message plutôt les plateformes de vente en ligne que les commerces physiques». «Si c’est une maladresse, faisons autre chose, on ne peut pas maintenir une maladresse qui nuit gravement à tout un secteur», a dénoncé Yohann Petiot.