De manière quasi-systématique, les débits de boissons ne respectent pas l’interdiction de vente d’alcool aux mineurs. Ce sont les conclusions alarmantes d’une étude dévoilée mardi 12 décembre par Association Addiction France. Lors d’une opération test, sur 42 établissements visités cet été à Nantes et dans six autres communes de Loire-Atlantique, seul un commerce a refusé la vente d’alcool à des clients de moins de 18 ans.
À Nantes, Ancenis, Clisson, Vallet, Blain, Héric, Les Touches et Nort-sur-Erdre, les opérations de «clients-mystères» se sont toutes déroulées de la même façon : sous le regard attentif d’une doctorante en sociologie, deux mineurs s’installent à une table, commandent des «bières, pastis ou des cocktails de type mojito», se font servir, paient puis prétextent une urgence et quittent l’établissement sans avoir consommé. À l’issue de ces tests, parmi les 42 bars, cafés et fast-food, seul un n’a pas violé l’article L. 3342-1 du Code de la santé publique.
Dans la majorité des cas, la vente d’alcool aux jeunes s’est déroulée sans contrôle de la carte d’identité, vérification prévue par la législation, qui n’est pourtant pas ignorée par les serveurs et gérants des bars, observe l’association, qui a recueilli les témoignages de certains d’entre eux. «Plus tu vieillis, plus c’est dur. Tu te dis ’elle a 15 ans’ et non elle a 20 ans. C’est hyperdur, de toute façon, on le dit, au moindre doute, c’est la carte. Pas de carte, pas d’alcool», a par exemple déclaré le responsable d’un bar nantais pris en faute.
Association Addiction France regrette une «impression de déjà-vu». En 2021, une étude menée dans les départements de Loire-Atlantique et du Finistère a déjà révélé que neuf magasins sur dix ne respectaient pas l’interdiction de vente d’alcool aux mineurs. En juillet 2023, l’association a porté plainte contre quatre magasins des enseignes Auchan et Leclerc dans la région nantaise et annonce aujourd’hui qu’elle «engagera très prochainement des actions similaires» à l’encontre de 20 autres supermarchés et épiceries après des constatations de non-respect de la réglementation à Nantes, Angers et Rennes à l’automne 2023.
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«Il est regrettable que nous en arrivions à devoir attaquer les enseignes en justice pour qu’elles daignent respecter une loi, instaurée pour protéger la jeunesse», constate Bernard Passet, le président d’Association Addiction France, dont l’étude envisage plusieurs pistes pour renforcer l’application de la législation, parmi lesquelles l’instauration de contrôles réguliers dans les établissements et le renforcement des sanctions judiciaires.