Correspondante à Bruxelles
Non à un soutien de 50 milliards d’euros à l’Ukraine. Non au coup d’envoi des négociations d’adhésion à l’UE pour ce pays. À dix jours du dernier sommet européen de l’année 2023, Viktor Orban enfonce le clou. Dans une lettre adressée ce lundi au président du Conseil européen, Charles Michel, le premier ministre hongrois réaffirme qu’il n’est pas question pour lui de laisser les Vingt-Sept aller de l’avant sur le dossier ukrainien.
Comme dans son précédent courrier envoyé mi-novembre, le leader hongrois réclame «une discussion stratégique sur l’approche générale et les politiques envers l’Ukraine». «Je crois toujours, souligne-t-il, que le Conseil européen (à savoir les Vingt-Sept, NDLR) n’est pas en position de prendre des décisions clés à moins qu’un consensus sur notre future stratégie soit trouvé».
Viktor Orban étrille par ailleurs la proposition de révision du budget européen 2021-2027 faite par la Commission et qui prévoit notamment une enveloppe de 50 milliards d’euros pour l’Ukraine. Jugeant cette proposition «insignifiante, déséquilibrée et irréaliste», il appelle l’institution de l’UE à revoir sa copie en tenant compte «des réalités politiques et économiques dans les États membres».
Bien décidé à convaincre Charles Michel de revoir l’ordre du jour et les ambitions du sommet, le leader hongrois agite à dessein la menace du veto sur tous ces sujets qui requièrent l’unanimité. «Je vous exhorte respectueusement à ne pas inviter le Conseil européen à prendre une décision sur ces questions en décembre, car l’absence évidente de consensus conduirait à l’échec», met-il en garde.
Les Vingt-Sept risquent d’avoir bien du mal à convaincre leur homologue. Même la perspective -relayée ces derniers jours par des fonctionnaires de l’UE- de voir la Commission débloquer d’ici peu une partie des fonds européens promis à la Hongrie n’a pas eu l’effet escompté. Il est pourtant question de 10 milliards d’euros. Ce qui n’est pas rien pour un pays comme la Hongrie. «Orban a toujours été très transactionnel. L’argent n’est peut-être plus sa seule préoccupation», analyse un diplomate. Dans ce contexte, les scénarios se multiplient autour du sommet prévu les 14 et 15 décembre prochains. Certains estiment que la réunion pourrait durer jusqu’à samedi, voire dimanche. D’autres jugent, au contraire, qu’elle pourrait tourner court.
L’absence d’accord à Vingt-Sept sur le soutien l’Ukraine et sur le coup d’envoi -sous conditions- des négociations d’adhésion serait un échec pour l’UE qui a promis son appui ce pays «aussi longtemps qu’il le faudra» et se montrerait alors très désunie face à la Russie. Ce serait une source supplémentaire d’inquiétude pour Kiev alors que l’aide américaine de 61 milliards de dollars promise par la Maison-Blanche est toujours bloquée au Congrès.