Les députés grecs s’apprêtent à légaliser, jeudi 15 février 2024, le mariage homosexuel et l’adoption par les couples de même sexe. Malgré une opposition de l’Église orthodoxe et de l’aile droite du parti au pouvoir, le premier ministre Kyriakos Mitsotakis a défendu le projet de loi. Depuis 2015, seule l’union civile est accessible aux couples de même sexe en Grèce, et pour ceux ayant des enfants seuls les droits du parent biologique sont reconnus.

L’adoption de la légalisation fait peu de doute, la mesure étant largement soutenue par plusieurs partis, dont Syriza, dirigé par Stefanos Kasselakis, le premier homme politique grec ouvertement homosexuel qui vient de célébrer son union aux États-Unis. La Grèce pourrait ainsi devenir le 21e pays du continent (et 16e pays de l’Union Européenne) à adopter une législation reconnaissant l’union des couples de même sexe.

Les Pays-Bas ont été le premier pays au monde à avoir légiféré en ce sens avec une loi adoptée le 21 décembre 2000. Rapidement, de nombreux États européens suivent son exemple : d’abord la Belgique, en 2003, puis l’Espagne deux ans plus tard, la Norvège et la Suède en 2009, le Portugal et l’Islande en 2010, le Danemark (d’ailleurs le premier pays à avoir introduit l’union civile pour les couples de même sexe en 1989) en 2012, la France en 2013, le Luxembourg en 2014 et la Finlande la même année (où la loi y est finalement entrée en vigueur en 2017).

Au Royaume-Uni, l’Angleterre et le Pays de Galles ont célébré leurs premiers mariages homosexuels en 2014. L’Écosse adopte la loi la même année, tandis que l’Irlande du Nord ne l’adoptera qu’en 2020. En ce qui concerne l’Irlande, les mariages homosexuels y sont autorisés depuis 2015 : c’est le premier pays au monde où la loi, inscrite dans la Constitution, a été adoptée par référendum. Puis l’Allemagne et Malte leur ont emboîté le pas en 2017, l’Autriche en 2019, la Slovénie (où un référendum en ce sens avait été précédemment rejeté en 2015) et la Suisse en 2022, Andorre en 2023 et l’Estonie, depuis le 1er janvier 2024. Ce dernier est devenu le premier pays ayant appartenu à l’URSS à adopter une loi reconnaissant le mariage homosexuel.

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Dans d’autres pays du continent, les couples de même sexe peuvent s’unir civilement, mais n’ont pas le droit de se marier : en République tchèque depuis 2006, en Hongrie depuis 2009, au Liechtenstein depuis 2011, en Croatie depuis 2014, en Grèce et à Chypre depuis 2015, et en Italie depuis 2016. Seules la Pologne, la Lettonie, la Lituanie, la Slovaquie, la Roumanie et la Bulgarie ne reconnaissent aucune forme d’union aux couples de même sexe.

Ainsi, tandis que le mariage homosexuel est désormais quasiment autorisé partout en Europe de l’ouest, l’Europe centrale et de l’est y demeurent en grande partie opposées. 32% des Polonais et 27% des Hongrois se disent favorables à l’adoption du mariage pour tous, selon des enquêtes menées entre 2015 et 2016 par le Pew Research Center. Certains pays, comme la République tchèque, s’y montrent plus favorables (65%), mais seule l’union civile est pour l’heure acceptée.

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D’autres pays rejettent au contraire fermement toute évolution. En parallèle de l’adoption du mariage homosexuel à l’Ouest depuis les années 2000, de nombreux pays de l’Est ont au contraire modifié la définition du mariage dans leur Constitution, le restreignant à l’union entre un homme et une femme, comme la Hongrie en 2012 ou la Croatie en 2013. La justice croate a néanmoins accordé en 2021 le droit à des personnes de même sexe d’adopter des enfants.

La Pologne, notoirement défavorable à tout changement en la matière, a néanmoins vu s’amorcer une évolution lorsque le tribunal administratif régional de Varsovie a rejeté le caractère inconstitutionnel du mariage homosexuel. L’arrivée récente au pouvoir du pro-européen Donald Tusk risque encore de faire bouger les lignes : le nouveau premier ministre a annoncé le 24 janvier 2024 vouloir «libéraliser» l’avortement, notamment en permettant l’accès à la pilule du lendemain.

Mardi 12 février, les présentateurs d’une chaîne d’information publique, TVP Polonia, ont présenté des excuses aux personnes LGBT pour les commentaires dégradants qui avaient pu être faits à leur encontre ces dernières années. «Aujourd’hui, pour la première fois à la télévision polonaise, après 8 ans de gouvernement de droite, des militants LGBT sont apparus en direct», s’est ému Bart Stazewski, invité de l’émission, sur X.

En Hongrie, dirigée depuis 2010 par Viktor Orban, apôtre notoire d’une «démocratie illibérale», le simple fait d’évoquer l’homosexualité devant des mineurs est passible d’une amende depuis l’été 2021. Depuis 2018, les études de genre et l’adoption par les couples homosexuels y sont également interdites. Certains pays pourraient se voir contraints de modifier leurs législations en la matière, comme la Roumanie, appelée en septembre 2023 par la CEDH à favoriser la protection et la reconnaissance juridiques des LGBT au sein du pays, se prononçant en faveur des 21 familles ayant saisi l’instance européenne.

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Au total, 35 pays reconnaissent le mariage homosexuel dans le monde, d’après le Pew Research Center (le rapport indique 34 mais n’a pas encore pris en compte l’Estonie, NDLR). La grande majorité de ces pays sont européens, auxquels s’ajoutent de plus en plus d’États du continent américain. En 2017, Taïwan est devenu le premier pays d’Asie à légiférer en ce sens à partir de 2017 avec une décision de la Cour suprême, qui a finalement abouti à la légalisation en 2019.

Au Japon, après une première victoire juridique en 2021, la justice a finalement tranché en juin 2022 en déclarant que la non-reconnaissance des unions des couples de même sexe n’était pas une atteinte à la constitution. Sur le continent africain, seule l’Afrique du Sud a adopté le mariage pour tous en 2006.