Le rouleau compresseur russe poursuit sa progression dans l’est de l’Ukraine. La situation sur le front «s’est aggravée» ce week-end, a déploré sur Facebook, dimanche, Oleksandr Syrsky, le commandant en chef des forces armées de Kiev. La Russie, a-t-il ajouté, «attaque activement tout le long de la ligne de front, [et] remporte des succès tactiques dans certains secteurs».

Ce lundi, le ministère russe de la Défense a revendiqué dans un communiqué avoir «libéré» Semenivka, au nord-ouest d’Avdiïvka, ville forteresse de la région de Donetsk prise par Moscou en février. Moscou avait déjà revendiqué la veille la prise d’un village de la zone et cherche à accumuler les prises avant le 9 mai, Jour de la Victoire, commémorant la fin de la Seconde Guerre mondiale, férié à l’occasion.

La «situation la plus difficile» se situe dans la zone de Pokrovsk et de Kurakhové, également dans l’oblast de Donetsk, à l’est du pays. Au nord de ces deux localités, la situation est également critique à Kramatorsk, principale ville du Donbass encore sous contrôle ukrainien. Cette ville industrielle est un indispensable nœud ferroviaire et logistique de Kiev.

Avant de l’atteindre, les troupes russes sont à l’offensive pour prendre la ville de Tchassiv Yar, verrou défensif ukrainien situé à 200 mètres d’altitude. La conquête de cette localité industrielle traversée par un canal – un avantage pour les défenseurs – permettrait à la Russie de s’engager dans la région orientale de l’Ukraine.

L’armée de Vladimir Poutine vise «depuis longtemps à s’emparer de quatre grandes villes qui forment une ceinture de forteresses dans l’oblast de Donetsk (Slovyansk, Kramatorsk, Druzhkivka et Kostyantynivka)», notait l’Institute for the Study of War (ISW) dans un bulletin daté du 28 avril. «Tchassiv Yar est important sur le plan opérationnel car il fournirait aux forces russes une base pour lancer des opérations offensives contre Druzhkivka et Kostyantynivka», ajoutait le groupe de réflexion basé aux États-Unis.

De son côté, Oleksandr Syrsky a expliqué que ses troupes se sont «déplacées vers de nouvelles frontières à l’ouest de Berdychiv, Semenivka et Novomykhailivka (…) protégeant ainsi la vie et la santé de nos défenseurs».

Un peu comme l’était Avdiivka, la ville de Krasnohorivka est l’un des derniers verrous ukrainiens qui protègent le sud de l’oblast de Donetsk. «Les blogueurs russes ont affirmé que les forces russes avaient avancé plus à l’ouest, dans Krasnohorivka, mais qu’elles n’avaient pas encore capturé l’usine de briques dans le centre de la localité», rapporte l’ISW. L’Ukraine, de son côté, affirme que ses troupes «continuent de contenir l’ennemi».

À ce stade du conflit, estime l’ISW, les forces russes ont gagné 505 kilomètres carrés de territoire «depuis le lancement des opérations offensives en octobre 2023», dont «près de 100 kilomètres carrés» uniquement depuis le début de l’année.