Björn Höcke, dirigeant de l’AfD en Thuringe (centre-est de l’Allemagne), est jugé depuis jeudi pour avoir scandé un slogan nazi lors d’un meeting. Le procès du chef régional de ce parti d’extrême droite allemand, qui reprend ce mardi à Halle (Saxe-Anhalt, centre du pays), agite la presse allemande. Le premier jour d’audience, jeudi dernier, s’était ouvert dans une atmosphère chaotique.

«Björn Höcke est un nazi», pouvait-on lire sur les pancartes de manifestants, présents dès jeudi matin à l’ouverture du procès, relate le quotidien national Die Welt . À quatre mois et demi des élections en Thuringe, où l’AfD fait plus de 30%, d’après un sondage du MDR (radio de l’audiovisuel public allemand), le procès est particulièrement suivi. Dans la salle d’audience, une cinquantaine de journalistes étaient venus, jeudi, couvrir l’événement. Des partisans de l’AfD étaient également présents pour soutenir Höcke.

Dès le début de l’audience, ses avocats n’ont cessé d’interrompre la lecture de l’acte d’accusation, pour multiplier les requêtes. Leur objectif : retarder au maximum la poursuite du procès. Ils ont notamment demandé à enregistrer l’audience en raison de sa «dimension historique», ce que le procureur a refusé. Ils ont tenté d’argumenter que la Cour constitutionnelle allemande était davantage habilitée à juger l’affaire à Merseburg (Saxe-Anhalt), où les faits se sont produits. Un comportement «scandaleux», aux yeux de l’un des procureurs, Benedikt Bernzen.

Au cours de ce premier jour d’audience, Björn Höcke, lui, ne s’est pas encore exprimé devant le tribunal.

C’est lors d’un meeting électoral fin mai 2021 à Merseburg, non loin de Halle, que le dirigeant de l’AfD prononce ces mots controversés : «Tout pour notre patrie, tout pour la Saxe-Anhalt, tout pour l’Allemagne».

Or, la dernière partie de sa phrase, «Tout pour l’Allemagne» (en allemand: «Alles für Deutschland») est formellement interdite en Allemagne. Ce slogan était utilisé par les SA, une formation paramilitaire du parti nazi pendant les années 1930. Prononcer un slogan ou exhiber des symboles du IIIème Reich en public est passible de jusqu’à trois ans de prison en Allemagne, selon l’article 86 du Code pénal.

Une semaine avant le début du procès, Björn Höcke s’était exprimé à de multiples reprises sur ces accusations, notamment pendant un duel télévisé avec le candidat de la CDU Mario Voigt sur la chaîne télévisée Welt TV. Björn Höcke, qui est pourtant un ancien professeur d’histoire, affirme qu’il ne connaissait pas la connotation de cette phrase et qualifie l’expression «tout pour l’Allemagne» d’un «slogan passe-partout».

Quelques jours avant cette apparition télévisée, il s’était également exprimé sur son compte X, où il affirmait avoir utilisé cette expression pour «affirmer son patriotisme».

Le jugement du procès devrait être rendu le 14 mai.