La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a appelé lundi à mettre en place dès janvier une «politique pénale plus ferme» face aux violences dans le foot, tout en indiquant ne pas vouloir prolonger le moratoire sur les déplacements de supporters. Mis en place après la mort d’un supporter à Nantes le 2 décembre, «ce moratoire ne s’est probablement pas déroulé exactement de la manière dont chacun aurait pu le souhaiter, mais ce qui est important c’est qu’il a produit des résultats», a estimé la ministre après une réunion de l’Instance nationale du supportérisme (INS) à Paris.
Avant le match Nantes-Nice, Maxime, 31 ans, a succombé à deux coups de couteau lors d’une altercation avec un chauffeur de VTC dont il avait attaqué le véhicule avec d’autres supporters nantais, parce qu’il transportait des fans niçois. Depuis, les pouvoirs publics ont multiplié les interdictions de déplacements. Mais le Conseil d’État a suspendu quasiment à chaque fois ces arrêtés, évoquant «une atteinte grave et manifestement disproportionnée aux libertés fondamentales». Malgré ces décisions, la ministre a estimé qu’il fallait envoyer «un signal extrêmement fort de fermeté, (…) un sursaut, un électrochoc». «Même s’il y a de la casse juridique, je la préfère à la casse humaine», a-t-elle dit, tout en déclarant ne pas vouloir «prolonger ad vitam aeternam ni cette idée du moratoire ni ces batailles devant le Conseil d’État», qui se réunit encore lundi après-midi concernant des arrêtés visant des matches de Ligue 2 et de Ligue 1 mardi et mercredi.
Avec un agenda qui reste à définir en janvier, Amélie Oudéa-Castéra a souligné «la nécessité d’avoir une politique pénale plus ferme encore», notamment «avec des interdictions judiciaires de stade qui doivent être en nombre plus important et probablement avec une fermeté plus importante». La ministre a aussi annoncé une «première décision», la signature en janvier avec la Ligue de football professionnel (LFP) d’une «nouvelle convention qui nous permettra de clarifier à nouveau le rôle et les responsabilités de chacun (…) sur le plan spatial et (…) temporel». Il était «nécessaire» de revenir sur cet outil datant de 1999, «quand on voit les incertitudes, le manque de clarté qui a entouré l’élucidation des problématiques lors d’OM-OL le 29 octobre».
Ce jour-là, le bus de Lyon avait été caillassé et l’ex-entraîneur Fabio Grosso avait été blessé au visage. Le match avait été reporté. La LFP avait ensuite décidé de ne pas sanctionner Marseille, arguant que les incidents s’étaient produits sur la voie publique et donc en dehors de sa responsabilité.
Pour ce qui est du ressort de la LFP, Amélie Oudéa-Castéra a également demandé des «sanctions qui puissent être plus dissuasives lorsqu’on arrive à établir la nature des manquements de la part des clubs». Rappelant les pas en avant envers les supporters ces derniers mois (expérimentation des tribunes debout, usage d’engins pyrotechniques), la ministre attend d’eux «une mobilisation claire et entière dans la réponse à apporter pour la reprise du championnat début janvier» et a appelé les associations à ce qu’elles «condamnent la violence».
D’autres pistes ont été évoquées : généralisation des policiers référents supporters visiteurs, augmentation des interdictions commerciales de stades décidées par les clubs, renforcement du rôle de référent supporter. À sept mois des Jeux olympiques de Paris, la ministre a par ailleurs appelé à en finir avec la «sur-sollicitation des forces de l’ordre», mettant en avant le chiffre d’une hausse de 47% des effectifs pour la sécurisation des matches de foot en deux ans.