7-5, 7-6 (7/5). En 2 h 8 intenses, Caroline Wozniacki a éclairé la nuit new-yorkaise. L’inattendue vedette a dominé la Tchèque Petra Kvitova (tête de série n°11) pour se hisser au 3e tour de l’US Open. Obligée de se pincer pour y croire, elle a résumé : « Le fait d’être ici, sur le court Arthur Ashe Stadium, en nocturne, dans un stade comble, c’est un rêve qui devient réalité. Si vous m’aviez posé la question il y a trois ans, j’aurais dit que je ne reviendrais jamais jouer sur ce court. Mais être de retour et battre la 11e mondiale, c’est très, très spécial… »

Début août à Montréal, Caroline Wozniacki (33 ans ; 623e mondiale) avait renoué avec la compétition. Excitée, impatiente de plonger sans repères dans une folle aventure trois ans après pris sa retraite. Avec, pour commencer, une victoire pleine de promesses contre la modeste Australienne Kimberly Birrell. Elle a ensuite pris place dans le tableau de l’US Open avec seulement 3 matches en poche (et 1 seule victoire). À New York, où elle fut finaliste en 2009 et 2014 (demi-finaliste en 2010, 2011 et 2016), l’ancienne n°1 mondiale (pendant 71 semaines), profitant d’une invitation, s’avançait avec la force de l’envie, la quête du plaisir, sans le fardeau de l’obligation de résultat ou la peur des points à défendre : « Je n’ai rien à perdre. J’ai déjà tellement accompli de choses dans ma carrière et coché à peu près tous les objectifs que je m’étais fixés. Mais je suis ici parce que j’adore la compétition. J’adore le sport, et j’ai l’impression que j’ai encore beaucoup de choses à donner à ce sport. Et le faire avec ma famille rend les choses encore bien plus plaisantes. »

Flash-back. En 2020, la Danoise avait décidé de tourner la page. Elle avait appris qu’elle souffrait de polyarthrite rhumatoïde et avait expliqué qu’elle désirait « accomplir d’autres choses. » Elle avait disputé un dernier Open d’Australie (éliminée au 3e tour par Ons Jabeur), avait laissé couler quelques larmes à Melbourne (où elle avait remporté son seul titre du Grand Chelem en 2018) puis avait changé de vie, s’était inscrite à l’école de commerce de Harvard, s’était mariée à David Lee, ancien jouer NBA (aux New York Knicks et aux Golden State Warriors), avec une demoiselle d’honneur nommée Serena Williams. Et avait donné naissance à deux enfants sont nés, Olivia et James.

Le tennis qui semblait loin de la vie de Caroline Wozniacki est progressivement revenu infuser dans ses pensées. Avant de la pousser à reprendre l’entraînement. Et à y prendre du plaisir. En juin, sur X, elle écrivait : « J’ai pu rattraper le temps perdu avec ma famille mais il y a encore des objectifs que je veux atteindre. Je veux montrer à mes enfants que vous pouvez poursuivre vos rêves, quels que soient votre âge ou votre rôle. »

Avant d’expliquer : « J’aimerai toujours ce sport, que j’aie 33 ans ou 80 ans. Il se trouve que j’ai senti que je frappais très bien la balle et que j’étais encore assez jeune pour tenter ma chance une nouvelle fois. On ne vit qu’une fois, alors pourquoi pas ? Quand vous sentez que vous avez encore une chance de faire quelque chose de vraiment cool et de vraiment bien, alors vous devez saisir cette chance. On ne sait jamais si on n’essaie pas. »

L’Ukrainienne Elina Svitolina, quart de finaliste à Roland-Garros, puis demi-finaliste à Wimbledon ces derniers mois, Serena Williams ou Kim Clijsters (qui avait remporté l’US Open 2009 après… une coupure de deux ans pour donner naissance au premier de ses trois enfants) ont montré ces dernières années qu’une joueuse devenue mère pouvait retrouver sa place avec ambition sur le circuit.

Au 3e tour, Caroline Wozniacki a rendez-vous avec l’Américaine Jennifer Brady (368e) qui, elle aussi, tente un retour au premier plan. Caroline Wozniacki est bien de retour. Holger Rune a déjà indiqué qu’il aimerait bien disputer avec elle l’épreuve de double mixte des Jeux olympiques de Paris…