«Un vrai préjudice.» Laissés à quai lors du départ de la Transat Jacques Vabre dimanche, les skippers de la classe Imoca s’inquiètent des conséquences économiques d’une telle décision et regrettent d’avoir été mis au courant tardivement par l’organisation. Au Havre (Normandie), la pluie et les équipes techniques des marins ont remplacé la foule mardi le long du bassin Paul-Vatine, où sont encore parqués quarante monocoques du Vendée Globe qui devaient initialement s’élancer vers la Martinique.
Le périple entamé par les autres bateaux engagés – Ultim, Class40 et Ocean Fifty – a toutefois permis d’écarter les voiliers les uns les autres et de mieux les amarrer pour éviter la casse, en attendant que la violente tempête Ciaran passe mercredi. «Soit tout le monde part, soit personne ne part. On a l’impression d’être les dindons de la farce dans cette histoire. Cela devait être une course multiclasse et finalement c’est le show des Ultim», déplore un skipper d’Imoca, qui a souhaité garder l’anonymat.
Plus rapides, les maxi-trimarans Ultim pouvaient échapper au coup de tabac et les Class40 avaient déjà été autorisés à faire escale à Lorient. Selon la direction de course, il était impossible de trouver un lieu d’escale pour 40 voiliers de 18 mètres. «Sportivement, la décision de rester à quai au Havre était la bonne étant donné les conditions, mais elle est intervenue très tard et sans concertation préalable avec la classe», a regretté Antoine Mermod, le président de la classe Imoca, auprès de l’AFP.
«En termes d’exposition, c’est un manque à gagner important pour nos partenaires de rater le départ. On espère que l’organisation saura rattraper le coup. Il est temps pour tout le monde de se retrousser les manches», a-t-il ajouté. Un projet Imoca coûte plusieurs millions d’euros et les entreprises qui investissent dans la voile comptent beaucoup sur les grands événements comme la Jacques Vabre pour le rentabiliser, grâce aux retombées médiatiques.
Le départ décalé impliquera une arrivée forcément beaucoup plus tardive que les autres à Fort-de-France. Cette situation, inédite dans l’histoire de la Transat Jacques Vabre, a donné lieu à des échanges tumultueux dimanche soir entre l’organisation, qui a pris ces directives, et les représentants de la classe Imoca. Pour apaiser les tensions, la direction de course a promis «un dispositif de suivi de qualité, équivalent à celui de dimanche, pour fournir aux médias des images en direct, en deux langues et accueillir les journalistes dans les meilleures conditions».
Selon le skipper Thomas Ruyant, l’un des favoris de la course sur son Imoca For People, «il n’y aura pas de départ avant samedi 4 novembre». «Nous travaillons à un départ dimanche», a-t-il précisé. Mais seulement si le temps le permet.