Leaders depuis le joli coup de Madère, et délogés mercredi lors du contournement de l’île de l’Ascension, au large du Brésil, Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse ont récupéré ce jeudi les commandes de la Transat Jacques Vabre dans la catégorie des Ultim. A bord de leur Maxi Banque Populaire XI, ils ont bataillé toute la nuit pour redoubler François Gabart et Tom Laperche (SVR Lazartigue) et ils comptaient au classement de 11 heures une minuscule avance de 33,9 milles. Autant dire une poussière de temps après 12 jours de mer et avec 2500 milles devant les étraves de ces monstres de mer capables de filer à plus de 40 nœuds. Jusqu’à Fort de France, la bataille sera donc musclée, et surtout incertaine. Comme le confirma Sébastien Josse à la vacation du matin : « Quand je vois le nombre d’empannages qu’il nous reste le long du Brésil, la ligne droite n’est pas pour tout de suite. Ça peut se jouer sur chaque manœuvre, chaque petit grain ».

Derrière ce tandem, Charles Caudrelier et Erwan Israël restent en embuscade à 144 milles avec leur Maxi Edmond de Rothschild peu habitué à ne pas tenir les commandes de la course. Les duos Thomas Coville-Thomas Rouxel (Sodebo 3) et Anthony Marchand-Thierry Chabagny (Actual 3), respectivement pointés à 470 et 601 milles des leaders, ferment la marche après avoir doublé l’île de l’Ascension, mais après ce point culminant leur descente vers le Brésil puis la Martinique ne devrait pas leur permettre de combler leur retard, sauf catastrophe devant. L’arrivée des Ultim est prévue dimanche 12 novembre, jour béni des dieux s’il en est…

Du côté des monocoques Imoca, nettement plus nombreux au départ, mardi dernier du Havre (40 pour 5 Ultim), la bataille fait tout autant, si ce n’est plus, rage le long de la côte ibérique. Et ce jeudi, Jérémie Beyou et Franck Cammas (Charal) tiennent leur statut de favoris de main de maître, en devançant Yoann Richomme-Yann Eliès (Paprec Arké) de 31 milles et Thomas Ruyant (le ltenant du titre)-Morgan Lagravière (For People) de 45 milles. Après 48 heures vraiment sauvages, le vent a enfin daigné baisser d’intensité pour permettre aux marins de souffler quelque peu. Franck Cammas, qui n’est pas le dernier au palmarès de la voile française, atteste de la violence de ce début de course pour les bateaux du Vendée Globe : « C’était tonique et assez violent ce premier front avec 43 nœuds dans les rafales. La mer était croisée. Le pire était la sortie de front où le vent a tourné brutalement. Le premier tiers de la descente du golfe, on était un peu sur les freins. (…) Le but était de s’échapper dans cette mer croisée, (…) on gère le bateau même si des fois c’est ingérable »…

Concernant les trimarans Ocean Fifty partis lundi de Lorient une journée avant les Imoca, ils viennent « de franchir la dorsale à la latitude de Gibraltar et peuvent commencer à penser à leur descente vers l’alizé », comme l’indique l’organisation, Thibault Vauchel-Camus et Quentin Vlamynck (Solidaires en peloton) devançant Pierre Quiroga (vainqueur de la Solitaire du Figaro 2022) et Ronan Treussart (Viabilis Océans) de 53 milles. Enfin du côté des Class 40, et alors que nombreux sont les bateaux des différentes catégories à panser leurs plaies (6 bateaux sont officiellement hors course à ce jour sur les 95 au départ), les Figaristes Achille Nebout et Gildas Mahé (Amaarris) mènent la troupe devant Nicolas d’Estais et Léo Debiesse (Café Joyeux) mais les dix premiers monocoques se tiennent en 33 milles. Soit le même écart qu’entre les deux premiers Ultim…