Crée en 1960, la transat anglaise a souvent souri aux marins français. D’Éric Tabarly (1964, 1976) à François Gabart (2016), en passant par Alain Colas (1972), Yvon Fauconnier (1984), Philippe Poupon (1988), Loïck Peyron (1992, 1996, 2008), Francis Joyon (2000) et Michel Desjoyeaux (2004), la voile française a triomphé onze fois en quatorze éditions de cette mythique épreuve entre l’Europe et les États-Unis. Pour la quinzième édition de The Transat CIC (sa nouvelle appellation), il aura fallu attendre les tout derniers milles pour voir de nouveau un navigateur tricolore s’imposer. En l’occurrence Yoann Richomme.
Le skipper du monocoque Paprec Arkéa a coupé triomphalement la ligne d’arrivée, installée à 110 milles de New York, ce lundi en fin de journée, au terme d’un combat de huit jours, six heures, 53 minutes et 32 secondes conclu avec une micro avance sur son rival le plus proche, l’Allemand Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer) attendu à la deuxième place devant Samantha Davies (Initiatives Cœur). Un podium (s’il se confirme dans la soirée) qui peut surprendre mais y voir le double vainqueur de la Solitaire du Figaro (2016, 219) y régner sur la plus haute marche n’a rien d’étonnant.
Toujours à la bagarre aux avant-postes depuis l’envol de Lorient il y a huit jours, et en tête de la flotte depuis jeudi dernier, Yoann Richomme a confirmé tout au long de cette transatlantique marqué par de nombreuses casses mécaniques qu’il fallait désormais compter sur son bateau et lui pour la gagne. «Je suis hyper content de remporter cette transat historique, qui a dessiné l’histoire de la course au large avec Tabarly. C’est beaucoup de fierté. Et c’est un exploit pas neutre de gagner deux transats d’affilée», a lancé le vainqueur quelques minutes après avoir passé la ligne dans une conférence de presse en visio, avouant avoir vécu «2-3 jours au début mentalement difficile, avant de sentir bien dans mon jeu et mon bateau».
Deuxième en novembre dernier de la Transat Jacques Vabre (en double avec Yann Eliès) et vainqueur (en solo) de la transat retour vers la France, avant donc de triompher sur cette Transat CIC, Richomme n’aura pas mis longtemps à dompter son monocoque Paprec Arkéa mis à l’eau en février 2023. Et après cette nouvelle victoire, le voilà désormais clairement installé dans le clan des favoris pour le prochain Vendée Globe (départ le 10 novembre prochain). Pour sa première participation autour du monde en solo, le marin de 40 ans, originaire de Fréjus, a toutes les cartes (marines) en main pour signer un coup de maître.