Il se faisait attendre. Après neuf étapes éprouvantes, les coureurs vont pouvoir recharger les batteries lors de ce premier jour de repos, prévu ce lundi, avant d’attaquer la deuxième semaine de course et les premiers gros pourcentages de montagne. Si l’Equatorien de la formation Ineos, Jhonatan Narvaez, a déjoué les pronostics en remportant la première étape à Turin et en endossant le maillot rose, le lendemain, Tadej Pogacar a remis l’église au centre du village. Victoire d’étape et leader du général – une place qu’il occupe encore actuellement —. De son côté, Romain Bardet (DSM-Firmenich) vit une première semaine compliquée. Celui qui représentait la meilleure chance de podium lors de l’arrivée à Rome, le 26 mai prochain, en est pour le moment loin. Il se classe quatorzième à 4min53 de la troisième place.
Tadej Pogacar maillot rose après cette première semaine de course du Tour d’Italie, surprenant ? La réponse est non. Comme une évidence. Le coureur de la formation UAE s’est adjugé trois victoires d’étapes – dont le chrono à Pérouse – pour prendre 2 minutes 40 d’avance au général sur son dauphin Daniel Martinez (Bora-Hansgrohe) après seulement neuf jours de course. Le Slovène semble vouloir boucler au plus vite cette 107e édition du Giro pour conserver des forces pour le Tour de France (29 juin-21 juillet). En ligne de mire, le doublé. Une performance qui n’a plus été réalisée depuis 1998 et Marco Pantani.
Si ses performances sportives ne passent pas inaperçues, la tunique qu’il a arborée lors de la troisième étape ne l’a pas non plus été. À la demande du RCS – organisateur du Giro -, le Slovène a porté un cuissard violet pour le 75e anniversaire de la catastrophe aérienne de Superga qui avait décimé l’équipe de football du Torino. Problème, la couleur était semblable à celle du maillot de meilleur sprinteur porté par Jonathan Milan (Lidl-Trek), ce qui a provoqué une polémique sur les réseaux sociaux. De son côté, le média Cycling News a rapporté que l’Union Cycliste Internationale (UCI) songeait à disqualifier le leader de la UAE ainsi que son équipe. Une information démentie par l’UCI dans les colonnes de nos confrères de L’Équipe .
«Aucun problème avec cette histoire de maillot. Aucun règlement n’a été enfreint. Il n’a jamais été question de disqualifier Pogacar», a-t-elle déclaré au quotidien sportif français. Pour mettre fin à cette discorde, le principal concerné a revêtu un cuissard rose et a ironisé : «Aujourd’hui j’y vais nu». Peu importe la couleur de son bas, le Slovène est le leader incontestable et incontesté sur les routes transalpines.
Libération pour Cédric Vasseur et l’ensemble de la Cofidis. À l’arrivée de la cinquième étape entre Gênes et Lucques, le directeur général de la formation française a dû pousser un grand ouf de soulagement. L’équipe, qui a annoncé le 19 avril dernier la prolongation de son contrat chez les professionnels jusqu’en 2028, était la seule du World Tour à ne pas s’être imposée en 2024. C’est désormais chose faite.
Benjamin Thomas, expérimenté coureur de 28 ans, s’est adjugé la cinquième étape du Giro – la seul et unique victoire française de cette 107e édition – dans la ville natale de Mario Cipollini. «C’était comme une longue poursuite par équipes, on était à plus de 60 km/h. C’était compliqué dans le final, on a commencé à y croire à 10 km de l’arrivée, a-t-il confié après sa victoire avant d’expliquer sa sérénité dans le final. Quand Pietrobon est parti, je n’ai pas voulu partir tout de suite à sa poursuite. Je connaissais le final, j’étais déjà passé ici à l’entraînement.»
Après une échappée de 50 km, le dossard numéro 57 a réglé au sprint ses trois compagnons d’échappée. Pris en chasse par le peloton, le Français a fait parler ses qualités de pistard pour ne pas être rattrapé. En effet, il a été médaillé de bronze sur piste lors des Jeux de Tokyo en 2021. Il sera présent à ceux de Paris (26 juillet-11 août) avec la ferme intention de faire un résultat au Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines.
De son côté, Julian Alaphilippe n’est pas passé loin de mettre fin à une disette de 339 jours sans victoire – sa dernière remonte au 6 juin 2023 sur le Critérium du Dauphiné (étape 2) -. Le coureur de la formation belge Soudal Quick-Step a terminé deuxième lors de la sixième étape entre Viareggio et Rapolano Terme, remportée par l’Espagnol Pelayo Sanchez (Movistar). Frustrant pour «Alafpolak». «Je peux être content de la course que j’ai faite, je me sentais bien, j’ai pris du plaisir. Pour ça je n’ai pas de regret. Après, c’est sûr que ça fait mal de passer si près de la victoire», a confié le coureur au micro d’Eurosport. Motif de satisfaction, le Français s’est montré en jambe et a été acteur de cette première semaine de course. «Je viens pour retrouver le goût de la victoire. Gagner une étape, c’est vraiment mon objectif», avait-il déclaré avant le départ du Giro.
Les noms de Cian Uijtdebroeks (Visma Lease a Bike) ou encore Lorenzo Fortunato (Astana) auraient pu être cités mais la rédaction du Figaro a choisi de mettre en avant le jeune italien de 22 ans, Antonio Tiberi. Récent troisième du Tour des Alpes, le coureur de la formation Bahrain-Victorious a réalisé une première semaine de course intéressante sur ses terres. Après une méforme lors de la deuxième étape – il a perdu plus de deux minutes sur les principaux favoris – l’Italien a parfaitement réagi. Une belle sixième place sur le contre-la-montre, où il a repris 30 secondes à Martinez et Thomas, et un échec au pied du podium samedi entre Spoleto et Prati di Tivo, lui ont permis de se replacer au général et revenir dans la course. Avant d’attaquer une nouvelle semaine sur les routes transalpines, Antonio Tiberi – sixième du général – compte 1min25 de retard sur la troisième place, occupée par le Gallois Geraint Thomas (Ineos). Véritable grimpeur, l’Italien devrait animer les étapes à venir avec l’apparition des premiers gros pourcentages alpestres.