En 2023, sur le Tour de France, il y a eu des vélos et des motos (malgré elles) aux premières loges. La course a pu en être (brièvement) perturbée. Rappel. Deux motos (photographe et télé) ont bloqué une attaque de Tadej Pogacar qui tentait de se débarrasser de Jonas Vingegaard dans le dernier kilomètre du col de Joux Plane lors de la 14e étape (Annemasse-Morzine). Et lors de la 17e étape (Saint-Gervais-Mont-Blanc-Courchevel), une moto de France Télévisions, bloquée par un incident mécanique dans les terribles pourcentages du col de la Loze, a freiné plusieurs coureurs, dont Jonas Vingegaard, le maillot jaune.

Deux épisodes qui ont alimenté le débriefing des organisateurs. «Les enseignements du Tour 2023, c’est un : la ferveur phénoménale. Du monde dans les cols, il y en a toujours eu et c’était formidable mais là c’était le premier jour, le deuxième jour, dans l’étape du Puy-de-Dôme, dans le Grand Colombier, dans les Vosges… enfin partout. On fait tout depuis des années pour défendre le Tour et son avenir. Le public est rajeuni, il y avait plus d’un quart des gens qui sont venus pour la première fois sur les routes du Tour l’année dernière et une majorité de femmes. Selon l’enquête de Kantar, ce sont 27% de personnes qui sont venues pour la première fois et 54% de femmes. Mais ces jeunes groupes, viennent largement aussi pour partager un moment de bonheur. Ils sont pleins d’enthousiasme, c’est magnifique mais un peu moins disciplinés…»

Et de rappeler : «Quand on a mis le col de Péguère sur le parcours du Tour en 2012, il y a eu une foule… Deux murs de spectateurs, c’était prémonitoire : la moto du direct télé, la moto pool photo et aucun coureur qui peut attaquer. C’est-à-dire la négation des pentes qu’on met sur le parcours. Et en plus on a eu un dingo qui a lancé des clous… La fois d’après, en 2017, on y retourne et là on avait interdit 3 km de montée et c’est grâce à ces pentes-là que Barguil et Quintana à l’époque, reviennent sur la tête de course et que Barguil gagne l’étape. Les 100 km 100% Ariège, un 14 juillet. C’est un élément important mais on n’a pas vocation à interdire le public partout.»

Conscient des enjeux sportifs, d’image et de sécurité, le directeur du Tour confie : «Les cordages, on va les multiplier. Mais il faudra des gens qui restent pour s’assurer qu’ils soient encore en place au moment du passage des coureurs. On a quelques mois pour travailler tout ça, notamment avec les collectivités. On n’aura pas davantage de services de l’État. Les 28000 policiers, gendarmes et pompiers, on n’en aura pas plus. Cela peut être des bénévoles, des gens des clubs, des gens de chez nous ou de la sécurité privée. Mais quand je dis sécurité privée, ce qui m’embête c’est qu’il ne s’agit pas de contraindre les gens, il s’agit juste de leur expliquer l’importance de la sécurité. Parfois à 9h du matin, ils comprennent tous. Ce ne sont que des gentils mais à midi ils comprennent un peu moins bien et à 17h ils ne comprennent plus du tout…» Il ajoute : «Plus de cordages, cela ne marchera que s’il y a une grosse communication et que si les gens adhèrent. Les fumigènes par exemple, me sidèrent. Je ne peux pas comprendre qu’on laisse des fumigènes alors qu’on sait très bien que quand un athlète est en plein effort, il n’arrive plus à respirer et qu’ensuite il se retrouve confronté à un mur avec un nuage opaque sans aucune visibilité. Le fumigène ne peut pas être au bord de la route, c’est n’est pas possible. Qu’ils s’éloignent. Il faut que la fête reste à la fête. Nous, ce qu’on veut, c’est que les gens continuent à être heureux sur la route du Tour. Et pour ça, il faut un minimum de discipline.»

Quand au cas particulier des motos qui viennent parfois, comme en 2023, freiner la course, Christian Prudhomme assure : «Il faut qu’on mette en place à un moment un super pool. Ça veut dire qu’il y a un moment dans des situations les plus délicates, il n’y a que la moto du direct télé. Cela me paraît absolument évident. Dès l’année prochaine ? On ne va pas s’amuser à attendre. Ce qu’il faut bien voir, c’est que dans un quasiment tous les autres sports, les caméras une fois qu’elles sont posées, elles sont bien ou mal posées mais elles sont posées. Le savoir-faire des réalisateurs fait qu’elles sont bien posées. Nous, ça peut être parfait à un instant T et 30 secondes après elles sont exactement là où elles ne doivent pas être. C’est très complexe. Avec en plus l’augmentation de la vitesse dans le peloton due essentiellement au matériel qui fait que c’est de plus en plus compliqué…»