En raison des Jeux olympiques de Paris 2024 (26 juillet-11 août), le cahier des charges du Tour de France 2024 était contraint avec notamment un départ avancé d’une semaine. Et un nouveau départ de l’étranger (le 26e), le troisième consécutif, Florence arrivant après Copenhague (2022) et Bilbao (2023). Le Tour s’élancera pour la première fois d’Italie, cent ans après la première victoire d’un Italien sur la Grande Boucle, Ottavio Bottecchia. «Florence, l’une des plus belles villes du monde avait été candidate pour 2014. À l’époque, on avait fait le choix de partir au plus près de la première victoire d’un Britannique dans le Tour de France, donc après la victoire de Wiggins en 2012, de partir du Yorkshire deux ans après. Cela avait été un succès populaire phénoménal. Le maire de Florence m’avait envoyé une vidéo très touchante fin mars 2020, pendant la pandémie, en écrivant  »Florence si belle et si déserte. Je n’ai pas oublié mon rêve du Tour de France ». Cela s’est fait avec Dario Nardella, le maire de Florence et Stefano Bonaccini, le président d’Emilie-Romagne. Avec, lors de la 1ere étape, Florence-Rimini, 3600 m de dénivelé positif (plus que l’an dernier à Bilbao)», rappelle Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France.

Durant les trois premières étapes, le Tour célébrera l’Italie, pays de légende du cyclisme, cent ans après la première victoire d’un Italien sur le Tour (Ottavio Bottecchia). Avec un triptyque nostalgique (1ere étape : Florence-Rimini ; 2e étape : Cesenatico-Bologne, pour les puncheurs avec une étape qui passera, avec un circuit, à deux reprises par le sanctuaire de San Luca, la côte d’arrivée du tour d’Émilie ; la 3e étape Plaisance-Turin étant pour les sprinters), qui rendra successivement hommage à Gino Bartali, Gastone Nencini (lauréat Tour 1960), Marco Pantani et Fausto Coppi.

En 2023, Jonas Vingegaard avait assommé le Tour lors du seul contre-la-montre de Combloux. Une performance supersonique qui avait vu s’abattre les questions… En 2024, deux chronos figurent sur la carte : Nuits Saint-Georges – Gevrey-Chambertin (25 km ; 7e étape) taillé pour les spécialistes de l’exercice et Monaco-Nice (34 km ; 21e étape), réservé, en clôture, aux hommes forts. Soit 59 km au total.

16 juillet 1960, lors de l’étape Besançon-Troyes, le peloton du Tour passe par Colombey-les-Deux-Églises. Le Général de Gaulle, le président de la République, en vacances chez lui à la Boisserie se pose sur le bord pour voir défiler le Tour. Le peloton s’est arrêté pour le saluer. Colombey-les-Deux-Eglises s’installe pour la première fois sur la carte du Tour. «C’est Nicolas Lacroix, président du Conseil de la Haute-Marne qui me l’a proposé. Je n’aurais jamais osé me demander, je trouve ça phénoménal. D’autant plus qu’on n’ira pas sur les plages du débarquement en 2024. Le Tour, c’est la plus grande course cycliste du monde mais c’est une épreuve qui est dans la vie et dans notre histoire, donc avoir un lien avec les 80 ans du Débarquement était pour moi essentiel. Aussi ce lien, il est philosophique, on n’est pas sur les plages de débarquement, on n’est pas en Normandie mais on va dans le village du général De Gaulle pour la toute première fois au pied de la de la croix de Lorraine. Donc, c’est fort», se réjouit Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France.

Une grande boucle autour de Troyes (9e étape ; 199 km) jettera sous les roues des coureurs des chemins blancs. «Ils sont indispensables là parce qu’on casse la litanie d’étapes de plaine due à la géographie de la France. 14 chemins blancs et 32,2 km (la plus longue portion fait 4,2 km ; il y a six chemins dans 30 derniers km), dans les vignes mais aussi entre les champs de maïs, les champs de tournesol, il y en a un le mont des éoliennes, qui donne l’impression d’être sur Paris-Roubaix, à la différence notable des pavés. Ils sont très beaux, souvent suivis ou précédés de côtes. Il y a des gens qui seront contre. D’autres qui diront c’est formidable. On a mis les chemins blancs sur Paris-Nice à Vendôme en 2016, Arnaud Démare, avait gagné», rappelle Christian Prudhomme.

La 11e étape Evaux-les-Bains-Le Lioran (211 km) promet du spectacle. Après une succession de petites routes diaboliques, rugueuses, se dresseront le col de Néronne (1242 m ; 3,8 km à 9,1%), le Puy Mary (1589 m ; 5,4 km à 8,1%), le col de Perthus (1309 m ; 4,4 km à 7,9%), le col de Font de Cère (1294 m ; 3,3 km à 5,8%), avant l’arrivée au Lioran (1242 m). Une étape pour puncheurs. Une journée qui pourrait servir les audacieux et servir ceux qui ont des ambitions au classement général mais souffrent régulièrement au-dessus de 2.000 m.

La 14e étape (Pau-Saint-Lary-Soulan ; 152 km) passera par le célèbre Tourmalet (2115 m ; 19 km à 7,4%), la Hourquette d’Ancizan (1564 m ; 8,2 km à 5,1%), avant la montée de Saint-Lary-Plat d’Adet (1669 m ; 10,6 km à 7,9%) pour les 50 ans de la dernière victoire de Raymond Poulidor au Pla d’Adet. «Stéphane Boury (responsable des arrivées du Tour de France) a retrouvé la vraie ligne Raymond Poulidor. La ville de Saint-Lary va installer une statue grandeur nature de Poupou», annonce Christian Prudhomme.

Lors de la 19e étape (Embrun-Isola 2000), le peloton passera au pied de la citadelle de Mont-Dauphin avant d’attaquer les pentes du col Col de Vars (2109 m; 18,8 km à 5,7%), le col de La Bonnette (2802 m, le toit du Tour ; 22,9 km à 6,9%). Et pour finir la montée vers Isola 2000 (2024 m ; 16,1 km à 7,1%), troisième col à plus de 2.000 m dans la journée. Dans l’écrin du Parc national du Mercantour.

La 20e étape (Nice-col de Couillole ; 133km) empruntera les lacets du col de Braus, col inscrit au parcours du Tour avant la Première Guerre mondiale, qui était très régulièrement au menu et que les coureurs n’ont plus franchi depuis 60 ans (1002 m ; 10 km à 6,6%), avant le col de Turini (1607 m ; 20,7 km à 5,7%), puis le col de la Colmiane (1500 m ; 7,5 km à 7,1%). Le col de la Couillole (1678 m ; 15 km à 7,1%), le point final n’a, lui, connu qu’un passage du Tour en 1975, marqué par une victoire de Lucien Van Impe.

Depuis 1903, le Tour de France se termine traditionnellement à Paris (à l’exception de la première édition qui s’était terminée en région parisienne, à Ville d’Avray), au Parc des Princes de 1904 à 1967, puis à la Cipale jusqu’en 1974, avant de défiler sur les Champs-Elysées depuis 1975. Mais en raison de l’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 (cérémonie d’ouverture le 26 juillet, 5 jours seulement après l’arrivée du Tour), le Tour innove. Avec un épilogue à Nice. Avec en prime un contre-la-montre. La dernière fois qu’un chrono avait bouclé le Tour c’était en 1989 avec 25 km entre Versailles et Paris. Un duel inoubliable entre Greg LeMond et Laurent Fignon. Au classement général final, l’Américain avait déshabillé le Français de son précieux maillot jaune pour 8 secondes. Le plus faible écart de l’histoire de l’épreuve. Le chrono de la 21e étape ira de Monaco à Nice (34 km), en empruntant le col de la Turbie (8,1 km à 5,6%) et le col d’Eze (1,6 km à 8,1%). Symboles d’un Tour qui comprendra des difficultés du premier au dernier jour.