Le début de saison est chaotique, haché à cause de la Coupe du monde. Mais, à l’occasion des cinq premières journées du Top 14, le Rugby Club Toulonnais n’a pas réussi à enchaîner deux victoires consécutives. Bilan négatif : deux victoires pour trois défaites. Et la dernière, sur la pelouse d’Aimé-Giral à Perpignan, lanterne rouge qui n’avait jusque-là jamais gagné, a réveillé de vieux démons.

«Pour l’instant, on n’est pas une grande équipe, il faut travailler. Il nous manque de la sérénité et de la confiance collective, avait lâché le manager varois Pierre Mignoni. Il y a trop de déchet, trop de précipitation, trop de mauvais choix. On n’a pas fait ce qu’il fallait pour les décrocher.»

Le manque de constance et de sérénité des Varois a ressurgi au grand jour. Un jour oui, un jour non. «Je vais répéter ce que j’ai dit toute la semaine : on s’est sabordé. On a fait un non-match dans le combat ou dans l’attitude, a répété le technicien varois, cette semaine, en conférence de presse. J’étais très frustré de ce qu’on a fait car je sais que l’on peut faire bien mieux. Heureusement que l’on prend un point (de bonus défensif) car avec zéro ça aurait été encore plus dur…»

Le problème est que la grogne des supporters toulonnais, récurrente depuis plusieurs saisons et l’arrivée du président Bernard Lemaître, est repartie de plus belle. Cette semaine, des affiches de protestation ont été placardées dans les rues, clamant : «Nous voulons XV guerriers». Une nouvelle manifestation de la colère des «fadas» toulonnais, remontés ces dernières saisons devant le manque de résultats de leur équipe qui n’a plus participé aux phases finales depuis… 2018 et un barrage perdu contre Lyon au nombre d’essais marqués (2-1) !

Pierre Mignoni – qui a décidé de laisser au repos Charles Ollivon et Gabin Villière qui avaient participé aux derniers matches – a tenu à s’exprimer sur cette (nouvelle) affaire : «J’ai vu des affiches où on dit qu’on veut 15 guerriers. Mais, moi, j’en veux 40 car j’ai 40 joueurs. Je veux 40 joueurs concernés et 40 guerriers pour ce club. Si on n’est pas dans cet état d’esprit, on ne reste pas dans ce club, que les choses soient claires. On ne peut pas s’échapper. Non, aucun joueur n’est écarté et on va avoir besoin de tout le monde. Tout le monde doit rester concerné.»

Pour la venue du Racing 92, coleader en plein renouveau depuis l’arrivée de l’Anglais Stuart Lancaster, le RC Toulon n’a pas le droit à l’erreur. D’autant plus que l’an dernier, les Ciel et Blanc ont signé deux larges succès face aux Varois : 14-31 en décembre sur la Rade, puis 43-7 dans un match délocalisé au Havre.

Cette année, les deux succès toulonnais ont été glanés à Mayol, contre Bayonne (19-14) puis Oyonnax (41-7). Mais les Franciliens viennent pour frapper un grand coup. «C’est un sacré défi. Aller à Toulon, c’est sans doute un des matches à l’extérieur les plus compliqués d’Europe», avance ainsi Stuart Lancaster. Et d’insister : «Mais c’est l’occasion de nous montrer.»

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Le RCT doit se reprendre et se montrer à la hauteur de ses ambitions. «Il faut avoir un peu d’humilité dans cette équipe aussi car, quand on regarde depuis quelques saisons, je dois avouer que ça se ressemble, déplore Pierre Mignoni. Je veux voir une progression. On travaille dur pour cela avec les joueurs et l’encadrement.» Et de positiver : «Les gens vont dire que l’on entend ça tout le temps, mais on est sur la bonne voie. Il nous faut la petite étincelle pour être tueur dans ce genre de match et, dès dimanche, car ça va être un gros match contre le Racing 92.» Un match sans droit à l’erreur devant l’exigeant public de Mayol.