Une première qui va faire du bruit. Recrue phare du Racing 92, le Fidjien Josua Tuisova va faire ses grands débuts, ce samedi, avec le club francilien opposé à Bayonne. Et c’est à Auxerre que ce match tant attendu aura lieu puisque l’Arena de Nanterre est réquisitionnée pour les concerts de Taylor Swift. Tous les regards seront donc braqués sur le stade de l’Abbé-Deschamps où l’un des tout meilleurs joueurs du Top 14 – surnommé «Jos» ou plus radicalement «l’Animal» – va faire son retour à la compétition. Après de longs mois de convalescence.
Car l’international fidjien de 29 ans (25 sélections) n’a plus rejoué depuis la dernière Coupe du monde et le quart de finale perdu par son équipe contre l’Angleterre (30-24). À la 72e minute du match, Tuisova Tuisova avait subi un violent plaquage (sans les bras) du flanker Tommy Curry et avait été touché au genou gauche.
Ce Mondial avait été des plus douloureux pour lui puisque, pendant la compétition, l’ancien joueur de Toulon et Toulon avait été touché par un terrible deuil. Quelques heures avant le match contre la Géorgie, Josua avait en effet appris le décès de son fils de sept ans, des suites d’une longue maladie. Mais il avait décidé de ne pas assister aux funérailles du garçon, à Votua, sa ville natale aux Fidji, pour tenir sa place contre le Portugal et assurer (malgré la défaite) la qualification des siens pour les quarts de finale. Discret dans les médias et d’un naturel réservé en dehors des terrains, Tuisova ne s’est, par la suite, pas exprimé sur ce terrible drame.
C’est donc ce samedi qu’il va enfin retrouver les terrains, lui qui avait disputé 19 rencontres de Top 14 avec Lyon la saison dernière (17 comme titulaire) et inscrit neuf essais. Champion olympique avec l’équipe des Fidji à 7 en 2016, Tuisova va à nouveau terroriser les défenses du Top 14. Mourad Boudjellal, qui l’avait fait venir au RCT en 2013, déclarait, quand il a débarqué dans le Var : «On a rarement vu ça dans le rugby, c’est peut-être le seul joueur depuis Jonah Lomu à pouvoir traverser le terrain comme ça.» Et, récemment, il en avait rajouté une couche, dans son style bien cash : «Le mec qui joue contre Josua Tuisova, la veille, il prend toujours un kit pour aller à l’hôpital avec un pyjama et une brosse à dents. On ne sait jamais !»
Le cubique Fidjien (1,81 m pour 108 kg), qui a des baobabs à la place des jambes, est un joueur d’une puissance et d’une explosivité sans équivalent dans le Top 14. Une menace constante, un joueur difficile à arrêter. En 2021, il avait fini meilleur marqueur du championnat de France, avec 14 essais. Et, son ancien entraîneur à Toulon, Richard Cockerill, détaillait : «C’est le genre d’ailier (ou centre) que l’on déteste affronter. Avec le ballon, il est très fort. Il est petit mais tellement costaud. C’est un joueur énorme, un phénomène. En un contre un, il est inarrêtable.»
Son retour aux affaires arrive au meilleur moment pour le Racing 92 : à l’approche des phases finales. «Jos» a pu s’imprégner du nouveau système mis en place par Stuart Lancaster, il va falloir désormais le mettre en application. Frédéric Michalak, qui l’a côtoyé à Toulon avant de l’entraîner au Racing, a expliqué son évolution auprès de nos confrères de L’Equipe : «À Toulon, il nous avait d’abord éblouis par sa vitesse folle. Peu à peu, en même temps qu’il prenait du poids, il a amélioré sa connaissance du jeu, sa lecture. Il a atteint une qualité remarquable dans le un-contre-un, avant ou dans le contact.» Et de rappeler que le Fidjien n’est pas un «bourrin» uniquement adepte du casse-briques : «Il ne faut pas mésestimer son adresse, le feeling qu’il a avec le ballon. C’est un garçon qui a une très bonne passe des deux côtés, qui est capable de faire une vissée de 25 mètres à pleine vitesse. Ce n’est pas donné à tout le monde.» On a connu le Racing sans. On devrait vite voir le Racing avec Tuisova.