La semaine dernière, après l’éclatante victoire contre Exeter en demi-finale de la Champions Cup, Grégory Alldritt et Romain Sazy n’étaient pas au courant, ont-ils dit, d’avoir signé une neuvième victoire consécutive. Il sont ajouté une de plus. Le Stade Rochelais, en dominant samedi soir Toulon au Vélodrome, a porté sa série à dix succès de rang toutes compétitions confondues. Impitoyable machine à gagner, qui a signé un septième succès hors de ses bases, record cette saison en Top 14.
«Par rapport au début de saison où on a connu pas mal de désillusions, on avait quand même besoin de récupérer des points, rappelle le talonneur international Pierre Bourgarit, en référence notamment aux trois revers concédés cette année à Marcel-Deflandre. Cela nous tenait à cœur. On a réussi à le faire.»
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Tous les compteurs sont au vert. Avec 10 points d’avance sur le Stade Français à deux journées de la fin de la saison régulière, les Maritimes ont quasiment en poche leur billet pour les demi-finales du Top 14. Même si, mathématiquement, ce n’est pas encore fait. Mais il faudrait un improbable concours de circonstances pour que les joueurs de Ronan O’Gara doivent passer par les barrages. « On est plutôt bien d’un point de vue comptable même si on n’est pas encore qualifiés, le Stade Français peut encore nous dépasser, même s’il lui faudrait deux bonus offensifs contre Lyon puis chez nous. Ce n’est pas encore fait, même si les médias vont le dire», sourit Pierre Bourgarit.
Sur la pelouse du Vélodrome, où ils avaient été sacrés champions d’Europe l’an dernier contre le Leinster (24-21), les Maritimes ont fait preuve d’un sang froid et d’un réalisme impressionnants. Même si tout n’a pas été parfait (soucis en mêlée, indiscipline), la démonstration face au RC Toulon a été étincelante. Jamais les Varois n’ont semblé en mesure de faire dérailler le rouleau compresseur rochelais, intraitable en défense.
«Ce n’était pas hyper agréable à regarder à la télé mais ça a été un gros bras de fer. On a failli craquer plusieurs fois mais je pense qu’on a eu beaucoup de caractère, on a su défendre notre ligne comme des acharnés, a salué Grégory Alldritt au micro de Canal . On est très content de cette victoire contre Toulon parce que ce n’était pas fait.»
Point noir de la soirée phocéenne, il y a eu un peu de casse. L’ailier Teddy Thomas a dû quitter ses coéquipiers dès la 26e minute de jeu, touché aux deux jambes «entre le mollet et la cheville», a expliqué le manager Ronan O’Gara. Pour le pilier argentin Joel Sclavi, il s’agit juste d’un œil au beurre noir mais l’inquiétude est plus grande concernant le centre samoan Ulupano Seuteni, excellent contre Exeter, qui a été victime d’une blessure à une épaule (46e). «Nous avons une finale dans deux semaines donc je lui ai vite dit de sortir pour récupérer car j’ai besoin de lui», dédramatise O’Gara.
Reste que, sortie après sortie, La Rochelle impressionne par la confiance qu’elle dégage. «C’est toujours important de regarder devant nous. On avait décidé d’avoir un lundi-mardi de repos pour bien se reposer. Les joueurs ont faim, ils aiment bien jouer. C’est parfait pour nous. J’ai une équipe expérimentée pour les grands matches. On aime gagner», martèle Ronan O’Gara cité par Rugbyrama. La semaine prochaine, le champion d’Europe se déplacera chez le champion de France, Montpellier, en pleine capilotade après son revers humiliant à domicile contre Brive.
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De là à laisser plusieurs cadres au repos, en prévision du choc tellurique qui suivra à l’Aviva Stadium contre le Leinster ? Ronan O’Gara balaye cette éventualité : «J’ai besoin de tout mon groupe. On ira à Montpellier pour gagner, pas pour tourner.» Pas question de briser la belle dynamique. «On dégage peut-être beaucoup de sérénité vu de l’extérieur mais le groupe fournit énormément de travail pour qu’on puisse prendre du plaisir comme ça sur le terrain», insiste Pierre Bourgarit.
Et le talonneur gersois aux 7 sélections de marteler : «C’est vrai que, depuis quelques mois, ça se goupille plutôt bien et les victoires s’enchaînent. On va se préparer pour finir le travail avec cette finale à Dublin entre les deux derniers matches de Top 14. La série est belle mais il faut garder la tête froide et continuer.» Le nouvel ogre rochelais est (très) loin d’être rassasié.