Mouillons-nous. Il pourrait jouer pour l’Angleterre. Pour l’Australie, l’Irlande, l’Écosse ou peut-être même l’équipe de France. Mais Davit Niniashvili (21 ans) est devenu la coqueluche du public géorgien. Depuis 2021, l’ailier ou arrière de Lyon n’en finit plus d’impressionner par ses qualités naturelles. Gros défenseur comme en témoigne ce plaquage destructeur sur Eben Etzebeth, le golgoth des Springboks, en finale du Challenge Cup face à Toulon en mai 2022, mais aussi exceptionnel attaquant, le jeune phénomène est revenu en forme de la Coupe du monde.

Éliminé en phase de poules avec les Lelos, Davit Niniashvili a frappé fort pour son retour avec le LOU lors de la victoire des siens il y a deux semaines face à Clermont (41-22). L’international géorgien a inscrit un doublé avant d’être décisif sur l’essai de son coéquipier Paddy Jackson en fin de match. Le week-end dernier, lors de la courte défaite de son équipe face au Racing 92 (22-20), il s’est une nouvelle fois illustré par une pénalité de plus de 50 mètres. Face au Stade Français ce samedi (17h), «Nini», comme il est surnommé, devrait encore éclabousser la rencontre de son talent.

Quel flair de Philippe Agostini, le patron du centre de formation du LOU ! C’est grâce à ce dernier que le grand public a pu découvrir Niniashvili après l’avoir chipé en Géorgie dans son club du Khvamli RC. Mais l’athlétique trois-quarts était d’abord voué à évoluer avec les espoirs avant de finalement fouler les pelouses du Top 14 lors de la 3e journée à Perpignan en septembre 2021. «Nini» a ensuite crevé l’écran. Pour sa première saison dans l’élite, il a disputé 14 rencontres pour quatre essais inscrits.

«Je me souviens bien de son premier entraînement. C’était un jeune Géorgien de 18 ans qui arrivait. Nous ne savions pas trop qui il était. Mais tout de suite, nous avons vu qu’il était très doué balle en main, qu’il prenait de bonnes décisions, qu’il avait de bonnes qualités. Il a une grosse accélération. On s’est dit ’Waouh’, c’est qui ce jeune phénomène de Géorgie ?», expliquait pour l’AFP Kendrick Lynn, l’ex-coach des trois-quarts rhodaniens. Casseur de plaquages, capable de buter de loin comme de défendre férocement sur un «gros», Niniashvili – qui a prolongé jusqu’en 2025 avec une forte revalorisation salariale – est un joueur complet, capable de faire la différence quand il le décide. «À chaque fois, on sait qu’il va se donner à 100%. Il peut faire la différence en match. Il reste toujours après les entraînements, parfois même un peu trop ! Il travaille beaucoup. Je ne suis pas surpris par ses performances. Il a beaucoup de confiance en lui», ajoutait Lynn.

Le gamin de Tbilissi, élevé par sa mère après que son père a quitté le domicile familial, ne semble perturbé par rien ni personne. Cet amoureux du combat, du contact et des espaces n’est pas un joueur difficile à gérer : «En plus de ça, c’est un garçon pas réservé, ouvert, avec beaucoup d’humour. Il ne se pose pas de question, son plaisir c’est de jouer», expliquait Pierre Mignoni, ancien coach du LOU et aujourd’hui manager de Toulon, dans les colonnes de L’Équipe. Son ascension a certes été freinée par quelques blessures la saison dernière. Mais si ces pépins physiques le laissent tranquille, l’arrière de Lyon devrait continuer à marcher sur l’eau.